Nous avons donc été amené, par la force même des choses, à nous faire une méthode plus définie, croyons-nous, plus exactement adaptée à la nature particulière des phénomènes sociaux.
En tête d’un des nombreux projets d’ouvrages de métaphysique qu’il a ébauchés, je trouve cette phrase qui ne laisse aucun doute : « C’est en 1803 que je commençai à m’occuper presque exclusivement de recherches sur les phénomènes aussi variés qu’intéressants que l’intelligence humaine offre à l’observateur qui sait se soustraire à l’influence des habitudes. » C’était s’y prendre d’une façon scabreuse pour tenir fidèlement cette promesse de soumission religieuse et de foi qu’il avait scellée sur la tombe d’une épouse. […] J’indique en ce genre le phénomène qu’il appelait de concrétion, sur lequel on peut lire l’analyse de M. […] Il établissait entre les propriétés des corps une multitude de rapprochements qu’on n’avait point faits ; il expliquait des phénomènes encore sans lien, et la plupart de ces rapprochements et de ces explications ont été vérifiés depuis par les expériences. […] On doit donc diviser tous les phénomènes que présente l’intelligence en quatre systèmes : le système sensitif, le système actif, le système comparatif et le système étiologique. » Dans un résumé des idées psychologiques de M. […] Bredin, de Lyon, je trouve : « On peut rapporter tous les phénomènes psychologiques à trois systèmes : sensitif, cognitif, intellectuel. » Ce système cognitif et ce système intellectuel, qui semblent un double emploi, sont différents pour lui, en ce qu’il attribue seulement au système cognitif la distinction du moi et du non-moi, qui se tire de l’activité propre de l’être d’après M. de Biran : il réservait au système intellectuel, proprement dit, la perception de tous les autres rapports.
Durkheim s’attache à montrer l’indépendance relative des phénomènes de la pensée à l’égard des conditions cérébrales1. […] Draghicesco, est un phénomène social et on peut lui donner comme base la réalité expérimentale de la société ; on peut la concevoir comme un phénomène social incarné, qui a dû s’inscrire dans l’organisme, se traduire en langage psychologique3. » Ce n’est pas la socialité qui est un effet de la cérébralité humaine ; c’est la cérébralité humaine qui est un effet de la vie sociale. […] Instinct et raison sont deux phénomènes incompatibles… et comme la dissolution des instincts est l’effet du processus social, la conscience réfléchie est due à la même cause. […] — Mais le caractère aventureux de pareilles correspondances ne doit pas nous faire condamner en général le procédé qui consiste à noter des corrélations régulières entre phénomènes d’ordre différent, comme celles qui sont constatables entre certains états du cerveau et certains états de pensée.