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669. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Peuple cruel, même dans ses sympathies ! […] Toujours est-il que ces bouffonneries intraduisibles faisaient rire aux éclats le peuple d’Athènes. […] Aussi bien quand le peuple de France, ce peuple oisif, amoureux et goguenard, sur lequel a déteint Rabelais, et qui sait à fond la langue de Mathurin Regnier, devina qu’il ne s’était pas trompé, et qu’il avait frappé au bon coin pour avoir de la bonne comédie, le peuple fut heureux et bien fier. […] Molière… en l’aimant avec passion, tenait son peuple à distance. […] Le peuple de Paris le trouvait un maître quelque peu dur.

670. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Lisez les annales des peuples ; vous vous convaincrez d’un coup d’œil que, tant qu’ils n’ont pas été littéraires, ils n’ont pas été, et que leur mémoire commence avec leur littérature. Elle finit aussi avec elle : dès qu’un peuple ne sait plus ni chanter, ni écrire, ni parler, il n’existe plus. […] J’ai eu l’occasion d’observer souvent par moi-même, pendant le long dialogue que le hasard d’une révolution avait établi entre moi et la foule, que plus j’étais lettré dans mes harangues, plus le peuple m’écoutait ; que la vulgarité du langage n’attirait que son mépris, mais que les paroles portées à la hauteur de ses sentiments par ses orateurs obtenaient sur ce peuple un ascendant d’autant plus sûr que ces orateurs élevaient plus haut le diapason de leur éloquence. La grandeur, voilà la littérature du peuple ; soyez grand, et dites ce que vous voudrez ! […] Ai-je un bien ferme espoir dans ces formes de gouvernement que le peuple abandonne avec autant de mobilité qu’il les conquiert ?

671. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

C’est beau comme l’antique, disent tous les peuples lettrés. […] Ses peuples étaient religieux, obéissants, pacifiés sous sa main. […] Si un fils vient à naître de notre union, engage ta parole royale de lui donner le titre de jeune roi, et à le faire reconnaître par tes peuples comme ton légitime successeur ! […] Le héros lui confesse alors qu’il a employé ce stratagème pour convaincre son peuple de la beauté, de la vertu, des droits de Sacountala à sa main, et pour se faire commander par les dieux et par les hommes son bonheur. […] Mais l’analyse et les citations de ce drame suffiront pour donner une idée du degré de perfection auquel, dans ces temps que nous appelons primitifs, et chez ces peuples inconnus avant l’époque historique de notre Europe, l’art théâtral était parvenu.

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