Les bâtardises de rois font les bâtardises de peuples. Le principe, violé une fois en haut, se retrouve violé partout… et jamais chose n’a mieux prouvé que le pouvoir politique et la paternité sont congénères, et qu’on ne les disjoint jamais que pour la honte et le malheur des peuples ! […] Mais les lois qui n’en suivent pas les dérèglements ont cru imiter Dieu en en faisant un peuple à part, exclus de tout nom, de toute succession, de toute faculté de tester, et, par conséquent, de faire souche et lignée ; en un mot, un peuple dévoué à l’obscurité la plus profonde, sans consistance, sans existence, la plus vive image du néant. […] Ce fut le suicide, dans le respect des peuples, de la Royauté par la Royauté.
Suivi d’un peuple nombreux, j’avais fait ce voyage qui devait m’apporter bien des malheurs. […] « Quoi qu’il en soit, le nom d’Orphée a mérité de briller sur ces monuments que vous érigez pour le peuple à la mémoire de ses meilleurs amis. […] Je n’espérais pas tant de la constance du peuple, et cependant je ne craignais pas tant de son inconstance. […] Il fut faible, et chercha le salut de sa patrie dans un nom qui représentait la force des soldats, cette raison suprême des peuples à qui la raison manque. […] Il ne voyait plus dans les peuples qu’un troupeau qui veut que la raison s’impose par l’épée, au lieu de se soumettre à la houlette de ses pasteurs.
On trouva plus beau que le premier nom sur la liste de nos poëtes durables fût celui d’un prince du sang et non celui d’un enfant du peuple, et, il faut bien le dire, d’un échappé du gibet. […] Villon écrit le français du peuple de Paris ; il tire sa langue du cœur même de la nation. Ne nous effarouchons pas de l’étrange berceau d’où sort notre poésie ; d’autres viendront, qui feront de cette fille du peuple la muse charmante et sévère du dix-septième siècle. […] Louis XI, dur aux nobles et aux grands, était bon au petit peuple ; il ne haïssait pas le franc-parler des vilains, qui le louaient aux dépens des grands ; outre que le prince qui introduisait l’imprimerie en France pouvait bien mettre quelque prix à la vie d’un poète. […] Enfant du peuple, né dans la pauvreté, poussé au vice par le besoin, toujours dans quelque extrémité fâcheuse, il ne laisse voir dans sa vie que ce qui la rend intéressante pour tous.