Elle fut d’abord populaire, universelle, très simple et comprise par tout un peuple. […] Les monuments de l’Egypte, de l’Assyrie, nous montrent l’emploi considérable, chez ces peuples, d’instruments à percussion, marquant les rythmes. […] Ces peuples traduisaient leurs naïves émotions par des mouvements sonores, sans nul souci de reconnaître une valeur spéciale aux divers sons. […] La musique des Grecs, assurément, ne nous serait point plus émouvante que celle des peuples antérieurs. […] C’est des accords d’une grave dolence, accentuant les angoisses du Christ qu’un peuple a renié : Popule meus, quid feci tibi ?
» Mais l’amour de la patrie luttait encore dans l’esprit des Vaudois contre la lumière qu’y faisaient pénétrer ces paroles et contre l’évidence désolante : « — Ce serait une lâcheté, s’écriaient-ils, de perdre courage devant Dieu, qui a si souvent délivré nos pères, et qui a sauvé de tant de périls le peuple d’Israël. […] » À la suite de ces paroles, l’assemblée se trouva divisée, et répondit qu’elle ne pourrait s’engager sur un objet aussi grave sans avoir consulté tout le peuple. » Le peuple consulté se divisa à son tour : quelques communes consentaient à l’émigration, d’autres étaient pour la résistance jusqu’à la mort. […] Catinat, son œuvre faite ou à peu près, rendait compte à Louvois d’un air de contentement trop visible : « Ce pays est parfaitement désolé, écrivait-il (9 mai) ; il n’y a plus du tout ni peuple ni bestiaux. […] À la fin du mois de juin, Catinat, dont c’était le pronostic, écrivait à Louvois : « La maladie et l’infection s’est mise dans ce malheureux peuple ; la moitié en périra cet été. […] … Deux ou trois années se passèrent ; le mal du pays tenait à cœur aux Vaudois exilés ; ils se comparaient aux Hébreux en captivité, et, comme le peuple de Dieu, ils croyaient fermement au retour et à la délivrance.
En 1848, il n’avait pas cru qu’une république se fondât en plantant des arbres, et, le ministre Carnot ayant voulu le nommer « lecteur du peuple », il avait refusé cette fonction vague et idyllique. […] Il jugeait que l’empire devait d’autant plus faire pour le peuple que le peuple avait abdiqué entre ses mains. […] Cette justice de l’histoire n’est pas toujours celle de la raison ; elle épargne parfois le coupable et saute des générations ; mais jamais les peuples n’y échappent… Considérée ainsi, l’histoire devient le grand livre des expiations et des récompenses ». […] Le « résumé général » de l’Histoire des Romains et celui de l’Histoire des Grecs ressemblent à l’examen de conscience de deux peuples. […] Et, constatant que la France marchait en avant des autres peuples vers cet idéal, il concluait : « Pour nous venger, il nous faudra y traîner nos ennemis même ».