* * * — Il y a une somme de bêtise que les peuples ne peuvent pas dépasser, sous peine de périr, et la France où l’on ne veut plus qu’il y ait une statue pour Charlemagne, me semble, à l’heure présente, une nation mûre pour le démembrement, pour le dépècement. […] * * * — C’est singulier, je suis un aristo, et je trouve qu’il n’y a que moi, dans le roman peuple, qui aie eu de la tendresse, des entrailles, pour la canaille. […] … C’est ma bataille des Thermopyles… Je ferai un voyage en Grèce… Je veux écrire cela sans me servir de vocables techniques, sans employer par exemple le mot cnémides… Je vois dans ces guerriers, une troupe de dévoués à la mort, y allant d’une manière gaie et ironique… Ce livre, il faut que ce soit, pour les peuples, une Marseillaise d’un ordre plus élevé.
Si l’on analyse ce curieux phénomène, on en trouve une explication facile : il se forme spontanément dans un peuple, comme dans une assemblée délibérante, des commissions et sous-commissions peu nombreuses, mais éclairées, qui se chargent d’instruire les affaires. […] Le peuple est toujours cet excellent DÉMOS d’Aristophane, qui applaudit joyeusement à sa caricature. […] Le peuple prend ses ouvriers littéraires à la tâche : il paye chacun selon ses œuvres.
Cela se voit surtout dans l’idée que les divers peuples se font les uns des autres. […] Qui aurait soutenu naguère que les Grecs appliquaient des couleurs vives sur certaines parties de leurs statues et de leurs temples, on eût ri de son absurde croyance : on lui eût répondu qu’évidemment ce badigeonnage était indigne du sentiment esthétique de ce peuple d’artistes, qu’ils ne pouvaient pas gâter ainsi la pure blancheur du marbre, si simplement belle : cela était évident alors, et pourtant c’était faux ; et les faits sont venus depuis témoigner en faveur de la polychromie.