En mai 1817, Leopardi se permettait une autre supercherie qui sent davantage son Chatterton ou son Macpherson ; il publiait dans le Spectateur une traduction en vers d’un prétendu hymne grec à Neptune, qu’il donnait comme nouvellement découvert. […] Aussi le siècle de Louis XIV reste aisément, pour l’aspect de la langue, notre bout du monde ; la colline est admirable de contour, mais elle est bien prochaine ; entre elle et nous il n’y a guère d’espace pour ces évolutions que présente l’Italie, qu’accomplissait la Grèce, que l’Angleterre elle-même se peut librement permettre moyennant son Shakspeare. […] Vers 1830, la santé de Leopardi, âgé seulement de trente-deux ans, était tellement perdue qu’elle ne lui permettait que de rares instants d’application. […] Durant les six années qui suivirent (1831-1837), une correspondance aussi fréquente que le permettait l’état de santé de Leopardi se continua entre eux. […] « Je retournerai certainement à Florence à la fin de l’hiver pour y rester autant que me le permettront mes faibles ressources déjà près de s’épuiser : lorsqu’elles viendront à manquer, le détestable et inhabitable Recanati m’attend, si je n’ai pas le courage (que j’espère bien avoir) de prendre le seul parti raisonnable et viril qui me reste158… » « Vous attendez peut-être que je vous dise quelque chose de la philologie romaine.
« Tout à coup, dit l’historien, la neige, ayant cessé de tomber, permit d’apercevoir ce douloureux spectacle. […] » XIII L’expression ici même est encore faible dans sa justice, car la médiocrité serait plutôt une excuse de la déloyauté que le génie ; le génie n’est pas une excuse, il est une aggravation de tous les crimes ; car le génie est une lumière et une force ; il lui est moins permis de s’aveugler et de faiblir qu’à la médiocrité, qui est une obscurité et une faiblesse. […] Il n’est pas permis à un magnifique récit en seize volumes de remuer le monde de fond en comble, pendant vingt ans de convulsions et de catastrophes, sans en faire jaillir autre chose que de la fumée de canon, des cliquetis de baïonnettes, des éclairs livides de gloire soldatesque. Non, cela n’est pas permis, cela n’est pas humain, cela n’est pas même vrai. […] Thiers, et quand nous l’avons combattu autrefois, comme orateur ou comme chef de parti, dans les luttes parlementaires où la mêlée des événements nous avait jetés face à face à la même époque, c’est qu’il oubliait dans l’opposition ce respect de l’unité et de la force du gouvernement qu’il est permis de conquérir, mais qu’il ne faut jamais saper dans son pays.
Le caractère ou les mœurs, c’est ce qui distingue les gens qui agissent et permet de les qualifier ; et l’esprit, c’est l’ensemble des discours par lesquels on exprime quelque chose, ou même on découvre le fond de sa pensée. […] Aujourd’hui il est permis à peine de poser cette question. […] Aujourd’hui, moins que jamais, une appréciation aussi injuste ne doit être permise. […] La plupart des ouvrages aristotéliques ne nous sont arrivés que dans un état de désordre et de mutilation qui permet rarement d’en juger l’ensemble. […] Mais les ouvrages de Démocrite, dont le génie a tant de rapport avec celui d’Aristote, ne sont point parvenus jusqu’à nous ; et les rares fragments qui nous en restent ne permettent pas d’en porter un jugement bien précis.