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1770. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Entre 1730 et 1750 la pensée anglaise a tout justement agi sur nos François par ce qu’il y avait en elle de moins analogue, de plus contraire, de plus hostile même à l’idéal classique. […] Les mots, à leurs yeux, ne sont plus que des signes conventionnels, artificiels, arbitraires ; la phrase n’est plus qu’un « polynôme » qu’on « ordonne » conformément aux règles ; et le style enfin n’est plus pour eux que l’équation de la pensée pure. […] Comme Ronsard, il a cru que toute beauté, toute perfection était « enclose » dans les chefs-d’œuvre des anciens, et par suite, comme Ronsard, il a donc cru que toute invention, tout génie même ne consistait qu’à vêtir sa pensée de ces formes immortelles. […] Combien d’ailleurs la qualité de son âme est supérieure à la qualité d’âme de Rousseau ; — si son talent demeure inférieur. — Éloquence de Vauvenargues. — Accent mélancolique de quelques-unes de ses pensées. — Finesse de son goût littéraire. […] 3º Philosophie. — Essai sur le mérite et la vertu, 1745 ; — Pensées philosophiques, 1746 ; — Lettre sur les aveugles, 1749 ; — Lettre sur les sourds et muets, 1751 ; — Apologie de l’abbé de Prades, 1752 [la troisième partie seulement] ; — Pensées sur l’interprétation de la nature, 1754 ; — Supplément au voyage de Bougainville, 1796 ; — Le Rêve de D’Alembert, 1830 ; — La Promenade du sceptique, 1830.

1771. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Grisâtre avait aussi des acceptions littéraires dans notre pensée : Diderot était un flamboyant, Voltaire un grisâtre, de même que Rubens et Poussin. […] Il nous crut fou, mais le respect l’empêchant de découvrir sa pensée tout entière pour la famille duquel il avait de la considération, il se contenta d’objecter d’une voix timide : — Mais, monsieur, ce n’est pas la mode. […] Ce germanisme n’était du reste que dans la pensée, car peu de littérateurs de notre temps ont une langue plus châtiée, plus nette et plus transparente. […] Il faut rester accoudé à son pupitre et attendre que de l’essaim confus des rimes une se détache et vienne se poser au bord de l’écritoire, ou bien il faut se lever et poursuivre dans les bois ou par les rues la pensée qui se dérobe. […] Cet étroit grabat, plus semblable à un cercueil qu’à un lit, plus fait pour le cadavre que pour le corps, au bord duquel Chatterton veut forcer sa pensée vierge à se donner pour de l’argent comme une courtisane, a produit un effet sinistre.

1772. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Les pensées suggérées par l’aspect de ce Salon sont d’un ordre si simple, si ancien, si classique, que peu de pages me suffiront sans doute pour les développer. […] Les peintres anciens aimaient aussi à avoir le pied dans deux domaines et à se servir de deux outils pour exprimer leur pensée. […] La simplicité de regard et d’attitude s’accorde heureusement avec cette couleur chaude et mollement dorée qui me semble faite pour traduire les douces pensées du soir. […] Apollon et les Muses, fantômes impérieux, dont les formes divines éclatent dans la pénombre, surveillent vos pensées, assistent à vos travaux, et vous encouragent au sublime. […] Commerson et Paul de Kock qui les pousse à voir une pensée dans le choc fortuit de toute antithèse.

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