Si Chateaubriand, en effet, comprit et peignit la Grèce avec un éclat qui était inconnu au savant abbé antiquaire, il comprit et peignit également le christianisme catholique avec un à-propos de splendeur et de poésie que ne pouvait espérer d’atteindre la plume de l’estimable ministre de Louis XVI. […] Comme écrivain, il s’était beaucoup formé par l’usage, et il était arrivé à se faire un style : style singulier, fin, abstrait, qui se grave peu dans la mémoire et ne se peint jamais dans l’imagination, mais qui atteint pourtant à l’expression rare de quelques hautes vérités.
Ce n’est pas assez de nous peindre un individu, il faut nous peindre une individualité vraiment marquante, c’est-àdire la concentration en un être des traits dominants d’une époque, d’un pays, enfin de tout un groupe d’autres êtres. […] Donc, plus un auteur veut peindre l’homme complexe de notre société, c’est-à-dire précisément l’être qui nous intéresse davantage, plus il doit se résigner à ce que cet être complexe change au bout de peu d’armées et ne se reconnaisse plus dans le portrait qu’il aura fait de lui.
François Cassandre, le même que Boileau a peint comme un misanthrope, donna en 1675. […] “Il peint, dit l’Ecrivain déjà cité, agréablement ses pensées ; son style est vif & élégant ; mais il y a peu d’ordre dans son traité ; ses fréquentes contradictions sont de la peine à des lecteurs attentifs ; elles se dérobent à la plûpart des lecteurs entraînés par les agrémens du style. […] Il donne les regles principales de l’éloquence de la chaire & même celles de la véritable éloquence en général ; mais son style est foible, il ne peint rien.