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1235. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Ballanche a peint plus tard, au début de la Vision d’Hèbal, son état psychologique en cette douloureuse convalescence : « Des souffrances vives et continuelles avaient rempli toute la première partie de sa vie. […] je dis qu’elle avait refusé : mais il y a là un mystère de malheur que je ne saurai jamais sur cette terre. » Les huit autres fragments écrits en 1808 ne sont que des élégies en prose qui peignent avec discrétion et douceur les vicissitudes de ce noble attachement. […] Sur les pas des chœurs de Sophocle, et inspiré par la muse de la douleur, le poëte s’attachait à peindre l’histoire même de l’homme, de cet être qui, aux termes de l’énigme, n’a qu’une voix et n’est debout qu’un instant, l’histoire de ses misères, de ses faiblesses, de ses félicités trompeuses, suivies d’amers retours.

1236. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Ce mot, qui la peint tout entière, est bien de celle qui disait aussi, à propos de Montaigne, qu’il y aurait plaisir à avoir un voisin comme lui109. […] Mme de La Fayette mourante était celle encore dont Mme Scarron, écrivant à Mme de Chantelou sur sa présentation à Mme de Montespan, avait dit en 1666 : « Mme de Thianges me présenta à sa sœur… Je peignis ma misère… sans me ravaler ;… enfin Mme de La Fayette auroit été contente du vrai de mes expressions et de la brièveté de mon récit. » En fait de société aimable et polie, unissant le sérieux et le vrai à la grâce, si j’avais été de M. […] Cette rougeur familière à Mme de Clèves, et qui d’abord est presque son seul langage, marque bien la pensée de l’auteur, qui est de peindre l’amour dans tout ce qu’il a de plus frais et de plus pudique, de plus adorable et de plus troublant, de plus indécis et de plus irrésistible, de plus lui-même en un mot.

1237. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Si le loup veut montrer qu’on le persécute, il cite l’histoire de sa race, et raconte les moeurs du village, les proclamations du château, les contes de la chaumière, les noms spéciaux, pittoresques qui peignent son entourage et ne conviennent qu’à cet entourage. […] En ce moment il jurerait à la barbe de tous les docteurs du monde que « Rabelais a autant d’esprit que saint Augustin. » En effet, peut-on mieux peindre le paysan ? […] Cela est plus court qu’Esope lui-même, et Esope ne peint pas.

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