La morale de Cicéron a pour but principal l’effet que l’on doit produire sur les autres ; celle de Sénèque, le travail qu’on peut opérer sur soi : l’un cherche une honorable puissance, l’autre un asile contre la douleur ; l’un veut animer la vertu, l’autre combattre le crime ; l’un ne considère l’homme que dans ses rapports avec les intérêts de son pays ; l’autre, qui n’avait plus de patrie, s’occupe des relations privées. […] Peut-être que les dangers qui menaçaient alors tous les hommes distingués étaient trop imminents pour leur laisser le loisir nécessaire à de tels travaux ; peut-être aussi les Romains avaient-ils conservé trop d’indignation républicaine pour pouvoir distraire entièrement leur attention de la destinée de leur pays.
Cet Avis aux réfugiés leur fut donné dans le temps qu’ils invectivoient le plus contre la France, qu’ils se flattoient même d’être rappellés, de voir le gouvernement s’empresser à guérir la plaie faite à l’état, à réparer la perte de tant de milliers d’hommes qui portèrent dans les pays étrangers, avec leurs biens & avec nos arts, une haine implacable contre leur patrie. […] Larroque, voyant combien il avoit soulevé les esprits dans tous les pays du protestantisme, imagine que ce sera tout le contraire dans ceux de la catholicité.
Celui qui ne croit qu’à la matière ne doit pas s’attribuera lui-même le monopole de la vérité scientifique et renvoyer au pays des chimères celui qui croit à l’esprit. On peut nous demander de suspendre notre jugement ; mais cette suspension ne doit être un avantage pour personne, et l’on ne doit point profiter d’un armistice pour prendre pied dans un pays disputé.