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652. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

C’est encore, pour traduire cette idée dans le langage de notre temps, l’esprit de liberté opposé à l’esprit de discipline, le premier plus cher aux hommes dont il flatte les passions et caresse l’orgueil, et plus aimable, parce qu’il parle plus à l’imagination. […] Saint-Simon n’eût-il rien dit de sa passion de dominer, je l’aurais devinée à cette prétention de tout régler ; c’est la marque des esprits absolus. […] Cette vue courte et amoureuse de Dieu ranime tout l’homme et calme ses passions. » Le prince qui recevait ces étranges conseils avait alors vingt ans et devait être l’héritier de Louis XIV ! […] Tant qu’il fut à la cour, dans tout l’éclat de la faveur et des prédictions flatteuses, il combattit dans le naturel de son élève ce qui était capable de lui résister ; ce qui cédait, il l’inclina vers ses espérances et sa passion de diriger. […] A la charité chrétienne il ajouta l’amour de l’humanité, cette passion sublime qui devait échauffer tous les écrits du dix-huitième siècle.

653. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Ces sortes d’injures partent d’ordinaire d’une passion imprudente, et qui n’entend pas ses propres interêts. […] Voilà en effet une charité bien patiente, qui attend pour parler que la passion n’ait plus rien à faire. […] J’ai remarqué dans les discours bien placez, des circonstances froides, inutiles, basses, ou contraires à la passion dominante. […] Il avouë sa passion comme une foiblesse. […] Homere nous le donne par tout comme l’esclave de la passion.

654. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » pp. 572-580

Le morceau que nous venons de citer n’en seroit que plus frappant, s’il étoit aussi animé par la Poésie, qu’il l’est par la passion. […] Dans l’âge des passions, & favorablement accueilli du Parterre, ce Poëte eut le courage de penser que le talent d’amuser ne dispensoit point de celui d’être utile ; que les Muses pouvoient délasser, mais non occuper l’homme sociable, & que, si son penchant l’entraînoit à faire des Vers, sa probité lui ordonnoit d’avoir un état.

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