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645. (1886) Le roman russe pp. -351

Comme l’auteur classique, notre romancier se dit : Étant donnée cette passion, quel homme me servira à l’incarner ? — Les autres font le raisonnement inverse : Étant donné cet homme, quelles sont les passions dominantes qu’il subit ? […] Un des symptômes qui m’ont le plus frappé, c’est la passion avec laquelle la jeunesse s’est jetée sur le fruit nouveau. […] Elle couvait ses enfants avec fièvre, avec passion, avec larmes, elle planait sur eux comme la mouette des steppes. […] Il se reprenait avec une passion désespérée à ses Âmes mortes ; sa plume, errante au gré de ses nerfs, le trahissait.

646. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

XII Sa famille avait adopté avec passion cette cause ; elle l’honora par sa fidélité. […] XIX Le génie et la passion sont quelquefois politiques. M. de Chateaubriand avait de la passion et du génie : passion de jeune émigré pour les Bourbons, dieux de sa jeunesse ; génie des hautes affaires, qui donne aux hommes comme lui les grandes inspirations pour les républiques ou pour les monarchies. […] M. de Marcellus n’hésita pas un moment entre sa passion naturelle, l’ambition, et son honneur de famille : il se retira, triste mais résolu, dans la campagne et dans les lettres ; il passa les quinze plus belles années de sa vie dans ces loisirs occupés qui lui tenaient lieu de tout, cariatide de sa bibliothèque à Audour et à Paris. […] L’un écrivit ses Mémoires d’outre-tombe, qui ne sont que l’écho trop âpre des passions de sa vie, un Saint-Simon personnel, chargeant la postérité de ses petites vengeances ; l’autre se contenta d’amuser les loisirs de sa vie retirée par des éruditions curieuses, par des souvenirs historiques, et par des traductions d’œuvres secondaires qui méritèrent bien de ses contemporains, mais qui ne donnèrent pas à son nom toute la célébrité que ses travaux méritent.

647. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Qu’était-ce que Fabre, en effet, pour lui inspirer une passion si vive et si impatiente ? […] Son extérieur un peu vulgaire n’avait rien qui motivât la passion, que la jeunesse. […] Aussi ses tragédies ne méritent-elles pas ce nom ; ce sont des dialogues des morts, où trois ou quatre acteurs causent ensemble avec une passion furieuse, et finissent au cinquième acte par s’entre-tuer : voilà les tragédies de ce grand homme de volonté, quelquefois éloquent par tirades, mais toujours fastidieux par sécheresse. […] Myrrha a fait pleurer sur son amour néfaste, mais Myrrha tout entière n’était qu’une scène, un dialogue entre la passion et l’impossible dont le coup de poignard est le seul dénouement, une métaphysique en conversation, une frénésie en vers blancs. […] Mais avait-elle dû, dans sa première jeunesse, être assez belle pour allumer dans l’âme d’un Piémontais, résolu à être un grand homme, une de ces passions classiques qui complètent le grandiose d’un poète en Italie ?

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