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1667. (1890) L’avenir de la science « XI »

Là est le prix de l’érudition, créant de nouveau le passé, explorant toutes les parties de l’humanité ; qu’elle en ait ou non la conscience, l’érudition prépare la base nécessaire de la philosophie. L’éducation, plus modeste, obligée de se borner et ne pouvant embrasser tout le passé, s’attache à la portion de l’antiquité qui, relativement à chaque nation, est classique, Or, ce choix, qui ne peut jamais être douteux, l’est pour nous moins que pour tout autre peuple. […] L’éducation philologique ne saurait consister à apprendre la langue moderne, l’éducation morale et politique, à se nourrir exclusivement des idées et des institutions actuelles ; il faut remonter à la source et se mettre d’abord sur la voie du passé, pour arriver par la même route que l’humanité à la pleine intelligence du présent.

1668. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Elle est habillée modestement et magnifiquement, comme une femme qui passe sa vie avec des personnes de qualité. […] Il me semble évident que quand madame Scarron se retira de la société qu’elle fréquentait, sans dire pourquoi, et se retira dans une grande maison isolée, avec des gens et un carrosse, il se trouva quelque mauvaise langue qui répandit, à petit bruit, ou que madame Scarron était grosse, qu’elle l’était du fait du roi, qu’elle avait fait cet affront à madame de Montespan, ou qu’après avoir cédé au roi, dans l’espérance de supplanter madame de Montespan, elle avait été déçue ; que le roi ayant passé sa fantaisie, était retourné à madame de Montespan avec plus d’ardeur qu’avant, et que le roi avait donné à la belle abusée une maison pour y cacher son dépit, sa honte, le repentir de son ingratitude envers sa bienfaitrice, et qu’elle cachait sa honte et son ingratitude dans une maison que le roi lui donnait en attendant qu’elle allât expier sa faute et cacher son infamie dans quelque refuge comme la Trappe. […] La lettre du 15 novembre, en réponse, est ironique dans quelques expressions, sévère dans d’autres ; mais elle tend surtout au but que se proposait madame Scarron : c’était de faire croire que l’année qu’elle allait passer dans une solitude forcée, avec les enfants dont il fallait cacher l’existence, serait consacrée à une retraite pieuse et à une réforme dirigée par un savant théologien.

1669. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Car certes la Rime opulente qui évoque les chairs fastueuses des Rubens et les fesses d’angelots aux pourpres violentes, la Rime ici détonnerait étrangement dans les jardins de rêve où passent — tels des lys — les vierges d’Angelico, bleu pâle, au col flexible, et les grêles musiciennes des primitifs. […] Ainsi : Et dans le soir on voit passer des formes grêles, Leurs pas ne pèsent pas au sable fin des grèves : Âmes d’adolescents qu’aimèrent les Sirènes, Et que tourmentent les angoisses éternelles. […] Telles les assonances, telles les âmes — dans le soir — passent, s’éloignent et ne plane plus alors qu’un souvenir très pâle.

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