En même temps qu’il la voit disciple de Rousseau et modelant en partie ses Mémoires sur les Confessions, il cherche à l’en distinguer par un caractère fondamental : il ne découvre dans ses écrits, dit-il, « ni la tragique sollicitude de Rousseau pour les âmes simples et ignorantes, ni la douloureuse anxiété avec laquelle celui-ci remue et sonde les bas-fonds de la société, ni sa haine contre l’inégalité, même quand ce n’est pas sur le talent qu’elle pèse, ni les cris vengeurs que lui arrache la vue du paysan opprimé par un publicain barbare ou celle de l’homme du peuple étouffant dans les étreintes de la misère. […] il est en partie cornélien, en partie révolutionnaire.
Le Sahara se compose, en effet, d’un double élément et offre deux formes caractéristiques : « d’un côté, d’immenses plateaux dénudés, où la roche, continuellement balayée par les vents, n’est recouverte de terre végétale que dans les parties abritées ; d’un autre côté, d’immenses bas-fonds, envahis par les sables, de manière à faire disparaître le sol primitif, et dans lesquels s’amoncellent, en véritables montagnes, des dunes de cent mètres et plus de hauteur. » Ce sont ces dunes, et les bas-fonds ramifiés dans les intervalles, qu’a d’abord à traverser le voyageur dans toute la zone qui sépare la chaîne atlantique des massifs de l’intérieur : première difficulté. […] Il passa le reste de l’année 1859 à diverses reconnaissances dans les parties du Sahara dépendant des provinces d’Alger et de Constantine ; il effleurait son sujet et s’aguerrissait en même temps. […] Il fut un temps où ils avaient fondé dans la partie centrale et occidentale du Sahara un grand royaume ; ils en furent dépossédés et durent se retirer devant les Noirs.
À côté de parties bien venues et des mieux réussies, il s’en rencontre tout à coup d’insolites, de résistantes, de revêches. […] Mais il ne s’agit pas de moi, il s’agit de Lisette qui, pour s’être trop appesantie sur la partie hébraïque des Écritures, la plus longue en effet et celle par où l’on commence, est entrée en effroi et a conçu la crainte que le Seigneur ne puisse jamais lui pardonner. […] Je ne me flatte pas d’avoir tenu la balance parfaitement égale dans la comparaison que j’ai essayé d’établir ; mais si je n’ai pas été tout à fait aussi juste que je l’aurais voulu, je ferai réparation en donnant ici la lettre à la fois gracieuse et véridique que m’a écrite à cette occasion la personne distinguée, ainsi prise à partie par moi sans plus de façon et mise en antagonisme avec Eugénie de Guérin : « Monsieur, « Je reçois le Constitutionnel, et je viens vous remercier d’un cœur sincère.