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942. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

La critique kantienne, sur ce point au moins, n’aurait pas été nécessaire, l’esprit humain, dans cette direction au moins, n’aurait pas été amené à limiter sa propre portée, la métaphysique n’eût pas été sacrifiée à la physique, si l’on eût pris le parti de laisser la matière à mi-chemin entre le point où la poussait Descartes et celui où la tirait Berkeley, c’est-à-dire, en somme, là où le sens commun la voit.

943. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Sa philosophie doit suivre des règles éternelles, et non les partis et les sectes. […] Valérius Flaccus dédaignait de grossir la cour criminelle des tyrans de Rome, qu’il peignait en traits de sang dans son Argonautique, tandis que Stace et Claudien briguaient leurs faveurs et leurs chaînes : Dante, plus fidèle aux intérêts de sa ville qu’aux engagements des factions, quitta le parti Guelfe qui lui ravit ses biens, qui le décréta de mort pour prix de son courage, et n’embrassa le parti Gibelin qu’au moment où le pape vendait l’Italie au frère de Philippe le Belh. […] Obligé de choisir entre lui et ces grands maîtres, je me range de leur côté, je l’avoue, et je crois que c’est en cela seulement qu’on peut courir au parti le plus fort. […] vivons en bons chrétiens ; « C’est le parti, croyez-moi, qu’il faut suivre. […] Bientôt viendra l’heure où les deux partis seront confondus chez les morts.

944. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

La bête humaine, enflammée par les passions politiques, éclate en cris, en violences, brûle l’amiral Byng en effigie, exige sa mort, veut détruire sa maison et son parc, oscille tour à tour sous la main de chaque parti, et de son élan aveugle semble prête à démolir la société civile. […] Ils la vendent au roi, et si le roi la leur redonnait ils la lui vendraient encore. » Il faut voir dans le journal de Dodington, espèce de Figaro malhonnête, la façon ingénieuse et les jolies tournures de ce grand commerce. « Un jour de vote difficile, dit le docteur King, Walpole, passant dans la cour des requêtes, aperçut un membre du parti contraire : il le tira à part et lui dit : « Donnez-moi votre voix, voici un billet de banque de deux mille livres sterling. » Le membre lui fit cette réponse : « Sir Robert, vous avez dernièrement rendu service à quelques-uns de mes amis intimes, et la dernière fois que ma femme est venue à la cour, le roi l’a reçue très-gracieusement, ce qui certainement est arrivé par votre influence. […] Sa famille a entendu des bruits surnaturels ; son père a été poussé trois fois par un revenant ; lui-même voit la main de Dieu dans les plus vulgaires événements de la vie ; un jour, à Birmingham, ayant été surpris par la grêle, il découvre qu’il reçoit cet avertissement parce qu’à table il n’a point exhorté les gens qui dînaient avec lui ; quand il s’agit de prendre un parti, il tire au sort, pour se décider, parmi les textes de la Bible. […] Ici, les partis sont ardents comme les sectes : gens de la haute et de la basse Église, capitalistes et propriétaires fonciers, noblesse de cour et châtelains rustiques, ils ont leurs dogmes, leurs théories, leurs mœurs et leurs haines, comme les presbytériens, les anglicans et les quakers. […] L’acharnement des partis dans l’État comme dans la foi est une preuve de zèle ; la tranquillité constante n’est que l’indifférence générale, et s’ils se battent aux élections, c’est qu’ils prennent intérêt aux élections.

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