La plantureuse langue poétique que parle Ronsard, avait, à son aurore, été frappée par la grammaire, — la grammaire sèche, polie, aiguisée comme une hache. […] Avant qu’on sût bien — nous, du moins, qui ne fûmes pas ses contemporains, — ce qu’il fut en réalité, cet illustre poète d’une époque finie ; avant la savante édition de Prosper Blanchemain, laquelle complète et résume toutes les éditions antérieures, on pouvait croire, et moi-même je l’ai cru longtemps, que Ronsard n’était plus qu’un nom et qu’une date, une de ces comètes qui ne font que passer dans une littérature et dont parlent entre eux les astronomes. […] Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour. […] Poète-phénomène que ce Ronsard, dont la poésie jaillit avant que la langue, qui se forme lentement, fût formée, et qui, avant la lettre, créa la lettre, — la lettre de cette langue qu’à la distance d’une seule génération parla Mathurin Régnier, plus correcte alors et plus ferme, mais bien moins juvénilement inspirée ! […] Poétiquement, il domina tout son siècle, qui ne parlait pas une langue plus avancée que la sienne.
Et puis écoutez-les causer : ils parlent comme des livres. […] demanda quelqu’un. — En ce qu’il parle trop bien, répondit-elle ; quod nimium attice loqueretur. […] Pour parler ensuite plus à l’aise de M. […] A leur tour, enfin, de parler. […] Si Louise avait écrit, si le chantre avait parlé à M.
Voilà des œuvres qui n’ont pas ce caractère de tristesse, de doute, de scepticisme, dont vous parlez. […] Parlons donc un instant de l’art. […] Ce n’est plus la nature abandonnée à elle-même, ce n’est plus l’industrie de la nature, si l’on peut parler ainsi ; c’est la nature continuée par l’homme sous un de ses aspects. […] Mais qu’on ne parle pas de Scott et de Cooper pour nier le caractère général que nous assignons à la poésie de ce temps. […] On parle du Seigneur, comme si l’on conservait la tradition du Dieu qui apparaissait dans un buisson ardent, et c’est du Dieu de Galilée et d’Herschell que l’on veut parler.