Les expressions, en passant par son imagination féconde & brillante prenoient cette couleur d’urbanité romaine dont il est le modèle le plus parfait. […] Un jour que je disois ceci, ajoute-t’il, en présence de quelques gens de lettres, l’un d’eux entrant dans ma pensée, ajouta qu’un Sermon parfait seroit celui dont Bourdaloue auroit fait la premiere partie & Massillon la seconde. […] La plus parfaite est celle de Turenne. […] “Si j’avois à nommer, dit l’Abbé Trublet, celui de tous les hommes qui me paroît avoir été le plus parfait dans sa profession, dans son art, dans son talent, &c. je nommerois feu Mr. […] Il étoit pour lui-même le censeur le plus rigide de ses ouvrages, & l’idée qu’il s’étoit formée du beau, étoit si parfaite qu’il ne croyoit jamais en avoir approché ; c’est pourquoi il corrigeoit sans cesse.
Ce qui domine en lui, c’est un goût parfait que blesse toute crudité de mots, toute contorsion de phrase, tout geste désordonné.
Et ce n’est pas seulement l’âme qui a gagné en largeur et en élévation, c’est la technique même, la prosodie du poète qui sont parvenues à leur parfait développement, à ce point où, entre la pensée et l’expression, il y a fusion absolue.