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512. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Mais comme si ce n’était pas assez d’indiquer une route inconnue jusqu’à vous à tous vos jeunes néophytes, vous avez cru devoir leur prouver que tout ce que nos pères ont admiré pendant près de deux cents ans, était indigne maintenant de notre attention. […] La mienne, j’en conviens, mal servie par les trompettes de la renommée, s’est toujours bornée à suivre dans la carrière ces hommes de génie que nos pères avaient la faiblesse d’appeler grands. […] J’en reviens, Monsieur, au talent poétique que je me plais à vous reconnaître dans tout autre genre que celui du théâtre ; mais comme je crois que si vous avez échoué sur la scène, c’est que vous êtes parti d’un faux principe, je crois de même que du moment où vous voudrez l’abandonner et revenir à la raison de nos pères, vous retirerez un grand avantage de votre conversion. […] Je vous ai bien dit, Monsieur, au commencement de ma lettre, que mon langage serait celui d’un père à son fils. […] À mes yeux un gouvernement est un père de famille, il ne doit permettre à ses enfants que les jeux qui ne peuvent leur nuire, et il montrera encore plus de sollicitude pour eux, si, tout en les amusant, il parvient à les instruire.

513. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Le père qui a connu ce que c’est que d’aimer quelqu’un plus que soi-même a senti tout son cœur, et telle est la chaleur de l’amour paternel, que le même homme en aime mieux tout ce qui est à aimer. Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il perdit Tullie, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment. — J’ai peur que Voltaire n’ait aimé que son esprit… Il ne serait pas besoin d’avoir beaucoup vu M. 

514. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Voyant que son maître l’écoute avec assez d’attention, il s’enhardit, et poursuit en ces termes : « — Je me souviens d’avoir lu dans Homère, en son Traité pour empêcher que les grenouilles ne s’enrhument, que, dans Athènes, un père de famille ayant fait l’acquisition d’un cochon de lait, gentil, d’une agréable physionomie, de mœurs douces, dans sa taille bien pris, conçut tant d’amitié pour le petit cochon, qu’au lieu de le mettre en broche, il donna les plus grands soins à son éducation, et le nourrit avec des biscuits et du macaroni. […] « Ce père de famille, continue Arlequin, c’est Jupiter ; ce cochon, c’est vous, mon très honoré maître ; ce jardinier, ce chef de cuisine, ces faïences, cristaux, et porcelaines, ce sont les victimes de vos insultes, de vos méfaits. […] — Anne. — A-t-elle père et mère ?

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