Ce n’est pas ainsi qu’il procéda dans son établissement : le mérite & les défauts des Ouvrages y étoient appréciés avec autant de lumieres que de courage & d’équité. […] Ses Successeurs suivent aujourd’hui les mêmes traces, si l’on en excepte celui qu’on a chargé de la partie purement littéraire de ce Journal, qui semble avoir pris à tâche, depuis quelque temps, de ne louer que les Ouvrages des Auteurs Philosophes, & de critiquer avec amertume tout ce qui ne porte pas la livrée philosophique.
Qu’ils aillent revoir ces ouvrages lorsque le temps les aura peints. […] Chardin et Vernet voient leurs ouvrages à douze ans du moment où ils peignent, et ceux qui les jugent ont aussi peu de raison que ces jeunes artistes qui s’en vont copier servilement à Rome des tableaux faits il y a cent cinquante ans ; ne soupçonnant pas l’altération que le temps a faite à la couleur, ils ne soupçonnent pas davantage qu’ils ne verraient pas les morceaux des Carraches tels qu’ils les ont sous les yeux, s’ils avaient été sur le chevalet des Carraches tels qu’ils les voient.
On regrette le coup d’œil qu’on a jetté sur leurs ouvrages et la ligne qu’on écrit d’eux. […] Mais est-ce que ces gens-là n’ont jamais comparé leurs ouvrages à ceux de Loutherbourg ou de Vernet ?