Bridel a pris l’une pour le premier volume de Philosophie morale et sociale ; on trouvera ici l’autre, la seule qui soit une étude littéraire, et qui — on en jugera — méritait bien d’être tirée de l’ombre. […] Comme un ange tutélaire accordé à sa destinée, une jeune personne, pleine de grâce et de candeur, élevée à l’ombre des traditions antiques, préparée par la piété filiale à toutes les sortes de dévouement, naïve et noble de langage, lui apparaît sur le chemin de la vie. […] Une âme douloureuse se resserre en elle-même ; la pensée intime se met à l’ombre dans des expressions délicates comme elle, recueillies comme elle, et ne fait volontiers image ni bruit. […] Ainsi, à propos des conversions qui ont lieu coup sur coup dans Polyeucte : Ces conversions, coup sur coup, de Pauline, de Félix, peut-être un jour de Sévère, ne sont pas plus merveilleuses et plus enlevantes pour le spectateur (celle de Félix ne l’est même pas du tout) que ce que nous voyons s’accomplir ici dans l’ombre et sans applaudissements. […] Et quand le Christ, en passant, lui demande à boire, et le supplie de l’aider à porter sa croix, le Juif répond par des refus et des outrages. « Devin, sors de mon ombre.
Mme Valmore, en avançant, aura, par accès peut-être, des cris plus déchirants, des éclairs plus perçants et plus aigus, comme aux approches de l’ombre ; mais ici ce sont de doux éclairs du matin, de jolis rayons d’avril, les lilas aimés, le réséda dans sa senteur, et déjà s’exhalent pourtant, à travers des gémissements tout mélodieux ces beaux élans de passion désolée oui la mettent tant au-dessus et à part des autres femmes, de celles même qui ont osé chanter le mystère. […] Dans un chemin mystérieux, L’Esprit de Dieu voyage, Sur les flots, dans l’ombre des cieux, Tout voilé par l’orage.
Depuis le divorce, il y eut arrêt marqué, définitif ; et la liaison étroite où ils furent avec M. de Talleyrand, durant ces dernières années de l’Empire, étendit sur eux comme une ombre de la même disgrâce. […] Sa vieille amie, la comtesse de Lémos, lui avait dit : « Prenez-y garde, l’intrigue, quand elle complique, n’est plus un moyen, c’est une difficulté de plus. » Au moment de sa retraite et de son voyage à travers les belles campagnes qu’il n’a pas aperçues depuis si longtemps, et où se promène avec une ombre de sourire son regard éteint je salue une haute pensée : « Dans tous les malheurs qui nous arrivent, il se rencontre un moment douloureux qu’on doit se hâter de franchir : c’est comme un passage obscur et difficile, une sorte de portique entre le désespoir et la résignation.