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1106. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il l’avoue hautement lui-même dans ses Mémoires ; et lorsque, entrant en France, il franchit le Var, c’est l’ombre de Molière qu’il invoque pour lui servir de guide dans ce nouveau pays. […] D’action, il n’y en a pas ombre. […] Tout cela est fort bien raisonné ; le malheur est que l’interprétation conseillée par notre confrère a déjà été essayée, et sans ombre de succès. […] J’oserais presque dire qu’elle ne va pas sans quelque ombre d’ennui. […] Je défie qu’on trouve, dans tout cela, ombre de ce que nous appelons esprit.

1107. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Enfin, voici l’ombre discrètement et presque silencieusement tragique du docteur Rank. […] Remarquez, en effet, que, s’il y a lutte entre eux, il n’y a pas ombre de lutte dans le cœur de chacun d’eux. […] Il consiste à présenter l’œuvre, à discuter sous un certain angle, mettant en lumière certaines parties, laissant les autres dans l’ombre. […] » — Ajoutez que Séméia songe depuis longtemps à l’événement de cette nuit solennelle, qu’elle s’y prépare avec une extrême tension d’esprit, et qu’une créature toute de sentiment, comme est cette aimable fille, croit aisément à ce qu’elle attend et à ce qu’elle souhaite. — Puis, ces choses se passent la nuit, sous la lune qui transfigure les objets, qui les revêt d’une lumière pâle et vibrante, où s’adoucit la précision des contours… La lune est un astre religieux : elle éclaire le monde comme une lampe éclaire un temple, en y laissant de grandes parties d’ombres où, ne voyant rien, on peut voir ce qu’on veut. […] Cette frimousse d’amoureuse de la Vie parisienne parmi tout ce vieux bric-à-brac romantique, vivante et ensorcelante au milieu de ces ombres sinistres et vaines, c’est là une idée qui ne pouvait tomber que dans une cervelle de très rare qualité.

1108. (1903) Propos de théâtre. Première série

Mais, surtout, c’est une rafraîchissante occupation d’été que la lecture de ces drames où la nature étend les grandes ombres pacifiques de ses ramures et le demi-sommeil éternel de ses grands rêves. […] Il le faut bien, car si sa « méchanceté » était de caractère et de fond, sa conversion si rapide, assez inexplicable déjà dans le texte de Shakspeare, serait de la pure démence et n’aurait pas même l’ombre du sens commun. […] Mais encore elle trouve une ombre de consolation à prendre un instant leur esprit ou à se persuader qu’elle le prend. « On nous plaindra ; on parlera de nous avec des plaintes et des larmes. […] Une ombre sacrée et mystérieuse en remplit les profondeurs. […] » Elle n’est ni forte ni habile, ombre douce à ce tableau vif et cru.

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