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246. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

La Chapelle d’Ayton, qui parut peu après les Contradictions, et qui offre bien plus d’intérêt romanesque, me semble avoir bien moins de signification comme début et comme présage du genre futur de l’auteur. […] Suard, que Mme de Staël écrivit à Mlle de Meulan pour lui offrir les sentiments d’une amie et la prier de vouloir bien user d’elle comme d’un banquier qui lui demandait la préférence. […] Au mois de mars 1807, sous le coup de nouvelles douleurs domestiques, et dans un grand dérangement de santé, elle se vit forcée d’interrompre un moment son travail ; mais une lettre arrive, qui lui offre des articles qu’on tâchera de rendre dignes d’elle durant tout le temps de l’interruption. […] Du milieu de tant de déclamations vaines, où figurent pourtant çà et là quelques difficultés considérables et des griefs réels, le livre de Mme Guizot, qui embrasse l’éducation tout entière, celle de l’homme comme celle de la femme, offre une sorte de transaction probe et mâle entre les idées anciennes et le progrès nouveau. […] ) « L’amour, la jeunesse, les doux sentiments de la nature offrent bien autant de chances de vie que de mort, autant de moyens de consolation que de malheur.

247. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Corneille et Molière n’offrent nulle part rien de pittoresque en ce genre. […] Mais la nouveauté était aussi dans sa manière et dans son pinceau ; il mêlait aisément aux tableaux qu’il offrait des objets naturels, le charme des plus délicieux reflets ; il avait le pathétique, l’onction dans le pittoresque, la magie. […] Cette passion, dont on peut lire le récit complaisamment tracé par le biographe de Bernardin de Saint-Pierre, m’offre bien l’idéal des amours romanesques, comme je me les figure : être un grand poète, et être aimé avant la gloire ! […] Mais, scientifiquement parlant, son point de vue n’était qu’un aperçu heureux, instantané, un ensemble mêlé de lueurs vraies et de jours faux, et d’où il ne pouvait sortir autre chose que la peinture même qu’il en offrait, et l’impression enthousiaste, affectueuse, qu’elle ferait naître. […] Lamartine, qui nous offre tant de parenté de génie avec l’auteur des Études, est moins exclusivement un peintre, et sa poésie suscite des émotions élégiaques plus compliquées.

248. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Sachant la prédilection équivoque d’Élisabeth pour son beau favori Leicester, qu’elle avait espéré elle-même séduire, et avec lequel elle entretenait un commerce de lettres, elle eut l’audace de railler sa rivale, sur l’infériorité des charmes qu’Élisabeth pouvait offrir à ce favori. […] Dieu soit loué de tout, et vous donne la grasce de persévérer au service de son Église tant que vous vivrez, et jamays ne puisse cet honneur sortir de nostre race, que, tant hommes que femmes, soyons prompts de respandre nostre sang pour maintenir la querelle de la foy, tous aultres respects mondains mis à part ; et, quant à moy, je m’estime née du costé paternel et maternel, pour offrir mon sang en icelle, et je n’ay intention de dégénérer. Jésus crucifié pour nous et tous les saints martyrs nous rendent, par leur intercession, dignes de la volontaire offerte de nos corps à sa gloire ! « L’on m’avoit, pensant me dégrader, fayt abattre mon days ; et, depuis, mon gardien m’est venu offrir d’écrire à leur royne, disant n’avoir fait cet acte par son commandement, mais par l’avis de quelques-uns du conseil. […] Ils s’empressèrent de descendre, heureux dans leur angoisse de ce dernier devoir offert à leur dévouement et à leur fidélité.

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