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683. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Mais (pour nommer les plus acceptés et les plus célèbres) Sainte-Beuve, par exemple, ce sondeur, qui avait gardé pour la littérature son ancienne sonde de carabin ; — mais Gustave Planche, cet esprit difficile et dégoûté ; — mais le bon Janin, qui, dans ses plus jolies gaîtés, avait à l’œil, perlant de son eau bête, la larme éternelle d’un Prudhomme attendri sur les honnêtes gens et la littérature honnête ! […] L’œil à fleur de tête de l’auteur du Demi-Monde voit mieux son sujet que l’œil trouble de cet ivrogne de Planche, infiltré de madère. […] Un autre jour, quand il faut sortir de Saint-Lazare, Desgrieux, qui appelle rompre ses fers casser la tête d’un portier d’un coup de pistolet, trouve un supérieur d’une bénignité si charmante que ni dans le moment, ni plus tard dans le cours du roman, car Desgrieux continue de cultiver cet aimable supérieur, il ne lui parle de cette bagatelle d’une cervelle de portier brûlée sous ses yeux !

684. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

L’action est la première chose à ses yeux ; il ne la sépare point de la vie, et il n’a point tort. […] Son teint pâlit encore ; elle causait à peine, elle avait dans ses yeux une mauvaise flamme. […] Maurice Barrès : Sous l’œil des Barbares. […] Sous l’œil des Barbares, de M.  […] Voyez par exemple,  209 et suiv., N′a qu′un œil.

685. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On vit dans une époque, à la Cour, si c’est à une époque de cour ; on y passe sa vie à regarder, à écouter, et, quand on est Saint-Simon, à écouter et à regarder avec une curiosité, une avidité sans pareille, à tout boire et dévorer des oreilles et des yeux. […] On ne peut porter l’œil sur une page des Mémoires sans qu’il en sorte une physionomie. […] ce n’est pas une bonne marque à mes yeux pour un homme que d’être très maltraité et défiguré par Saint-Simon : il ne s’indigne jamais si fort que contre ceux à qui il a manqué de certaines fibres. […] Quoiqu’il faille prendre garde de trop raisonner sur les portraits, et que l’air de jeunesse du nouvel époux jure un peu avec l’idée que donnent ses Mémoires, on remarque pourtant que sa figure et sa physionomie sont assez bien celles de son œuvre ; la figure est fine ; l’œil assez doux peut se courroucer et devenir terrible. […] Si l’on va au fond et qu’on dégage le système des mille détails d’étiquette qui le compliquent et qui le compromettent à nos yeux par une teinte de ridicule, on y saisit une inspiration qui, dans Saint-Simon, fait honneur sinon au politique pratique, du moins au citoyen et à l’historien publiciste.

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