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146. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Aglaé et ses sœurs commencèrent à défaire leur petit paquet de nuit sur les deux lits de la grande alcôve. […] Il était presque nuit quand nous revînmes au village. […] Vous n’y serez plus seule, des hommes et des femmes y seront avec vous et vous tiendront compagnie tout le jour ; vous aurez du pain, et surtout vous n’aurez plus peur les nuits d’hiver des loups qui viennent gratter à votre porte. […] L’hiver, sa chèvre lui tenait chaud la nuit, le père lui ramassait dans le bois des racines. […] On ne regarde pas sans terreur les flots noirs du ruisseau encaissé qui baigne les racines, leurs oiseaux de nuit battent les deux bords de leurs ailes effarouchées.

147. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Tandis que les trains de nuit emportent les ruraux dans toutes les directions, les étrangers, les purs demeurent. […] Il ne faudrait pas croire, cependant, que cette non-répétition des paroles nuit au développement symphonique de la pensée musicale ; elle y aide au contraire et en accentue la portée. […] Vit-on jamais amants passionnés s’étreindre en un transport purement cérébral et s’enlacer fiévreusement pour mieux philosopher touchant la supériorité de la nuit sur la lumière et de la mort sur la vie ? […] Cet élan de reconnaissance envers la nuit qui les rapproche, cette haine pour le jour qui les sépare, formaient une antithèse poétique heureuse ; mais le développement qui suit n’est plus qu’une dissertation philosophique, et voici ce que Wagner leur fait chanter au moment le plus délicieux de leur étreinte amoureuse : « Descends sur nous, nuit de l’amour, donne-moi l’oubli de la vie, recueille-moi dans ton sein, affranchis-moi de l’univers. […] Au début de la quatrième partie de la Damnation des fragments de la retraite et du chœur latin des étudiants de la partie précédente, chantés derrière la scène, comme venant de loin, ainsi que des bouffées de souvenirs, viennent rappeler à Marguerite abandonnée la nuit fatalement, délicieuse où Faust pénétrait chez elle … Encore une fois Francesca !

148. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Les monastères eux-mêmes, au temps du roi Edgard, retentissaient jusqu’au milieu de la nuit de jeux, de chants et de danses. […] Sigurd a conquis Brynhild, la vierge indomptée, en traversant la flamme et en lui fendant sa cuirasse, et il a dormi avec elle trois nuits, mais ayant placé entre elle et lui son épée, « sans prendre entre ses bras la jeune fille florissante, sans lui donner un baiser », parce que, selon la foi jurée, il doit la remettre à son ami Gunnar. […] La nuit, on y pouvait voir une merveille, du feu sur les vagues  » ; le cerf, lassé par les chiens, « aurait plutôt laissé son âme sur le bord » que d’y plonger pour y cacher sa tête. […] Une fois qu’il gardait l’étable pendant la nuit, il s’endormit ; un étranger lui apparut, qui lui demanda de chanter quelque chose ; et les paroles suivantes lui vinrent dans l’esprit : « À présent, nous louerons — le gardien du royaume céleste,  — et les conseils de son esprit,  — le père glorieux des hommes !  […] Il est précipité « dans la cité d’exil, dans le séjour des gémissements et des haines âpres, dans la nuit éternelle, hideuse, traversée de fumée et de flammes rouges  » ; va-t-il se repentir ?

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