Chaque jour des faits nouveaux éclatent et l’attestent. […] Pour eux, ce n’était pas assez de savoir et de montrer qu’autour des soixante mille catholiques qu’on trouvait seuls fidèles, en 1765, à l’unité romaine, par toute l’Angleterre, l’Écosse et le pays de Galles, il s’était groupé, depuis l’émigration des prêtres français jusqu’en 1821, plus de cinq cent mille convertis, et que, depuis 1821, le chiffre des nouveaux catholiques avait largement dépassé deux millions. […] On est forcé de se défendre, et la défense même crée de nouveaux périls et de plus grands. […] En 1844, sous le coup du livre célèbre de Ward, ne fut-il pas question de soumettre à l’assemblée universitaire qu’on nomme Convocation, un nouveau Test dans le but de s’opposer aux interprétations puséystes des XXXIX articles ? […] L’auteur, Peter Maurice, membre de l’Université d’Oxford et de l’Église établie, savant dans la connaissance des textes sacrés, mais un de ces esprits ardents et courts qui périssent dans la lettre comme un soldat dans sa consigne, attaqua fougueusement le nouveau parti qui s’élevait dans Oxford, et qui menaçait la Grande-Bretagne du règne prochain de l’antéchrist.
Même, l’acte volontaire, dont nous parlions à l’instant, n’est pas autre chose qu’un ensemble de mouvements appris dans des expériences antérieures, et infléchis dans une direction chaque fois nouvelle par cette force consciente dont le rôle paraît bien être d’apporter sans cesse quelque chose de nouveau dans le monde. Oui, elle crée du nouveau en dehors d’elle, puisqu’elle dessine dans l’espace des mouvements imprévus, imprévisibles. Et elle crée aussi du nouveau à l’intérieur d’elle-même, puisque l’action volontaire réagit sur celui qui la veut, modifie dans une certaine mesure le caractère de la personne dont elle émane, et accomplit, par une espèce de miracle, cette création de soi par soi qui a tout l’air d’être l’objet même de la vie humaine. […] Nous venons de voir que des changements se produisent sans cesse dans le cerveau, ou, pour parler plus précisément, des déplacements et des groupements nouveaux de molécules et d’atomes. […] Encore ces états ne pourraient-ils être représentés que vaguement, grossièrement, tout état d’âme déterminé d’une personne déterminée étant, dans son ensemble, quelque chose d’imprévisible et de nouveau.
1831 Voici deux livres nouveaux, deux œuvres de poésie éminentes et originales, deux productions bien diverses et en apparence tout à fait contraires de deux talents réfléchis et inspirés, de deux sensibilités, on ne saurait plus antipathiques au premier coup d’œil, et pourtant parentes au fond et presque sœurs. […] Mais chez l’auteur de Marie, tout cela est si habilement fondu, si intimement élaboré au sein d’une mélancolie personnelle et d’une originalité indigène, que la critique la plus pénétrante ne saurait démêler qu’une confuse réminiscence dans ce produit vivant d’un art achevé, et que si elle voulait marquer d’un nom ce fruit nouveau, elle serait contrainte d’y rattacher simplement le nom du poëte ; mais nous qui jugeons combien est sincère la modestie qui nous l’a caché81, nous ne prendrons pas sur nous de lui faire violence ; et pour conclure, nous nous bornerons à citer la plus touchante, à notre gré, des élégies que le nom de Marie décore : Partout des cris de mort et d’alarme ! […] En donnant depuis une seconde édition de Marie qu’il a enrichie de pièces nouvelles et dont il a perfectionné plusieurs détails, le poëte a légèrement atteint la physionomie première et en a surchargé peut-être sur quelques points la simplicité.