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1031. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Daudet, les narines frémissantes, l’imagination grisée de souvenirs, rappelait les magiques lectures d’autrefois, les traversées du Continent noir, Caillé, Speke, Nachtigal, Schweinfurth, Livingstone, Stanley. « Quelle ivresse ! […] Barbey d’Aurevilly avait la manie de se teindre la barbe, non seulement en noir, mais en bleu ; quelquefois même il la poudrait avec de la poussière d’or. « Vous ne remarquez rien ?  […] Barbey d’Aurevilly avait la manie de se teindre la barbe, non seulement en noir, mais en bleu ; quelquefois même il la poudrait avec de la poussière d’or. « Vous ne remarquez rien ?  […] Ils arrivaient souvent ensemble au café Vachette, Mazel avec son air de plaisantin souriant, Tarde avec sa silhouette de chef d’orchestre tzigane, grand, maigre, l’air artiste, longs cheveux noirs à saule pleureur, petite moustache et des yeux étincelants derrière le lorgnon. […] Montons et descendons les étages ; arpentons les petits couloirs en pierre grise, percés d’un côté de fenêtres ogivales et, de l’autre, d’étroites portes en bois de chêne, ornées d’un numéro peint en noir.

1032. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Dans la préface d’Édel, déjà, le poème idéal de l’avenir lui paraissait être « un poème en bottes vernies et en habit noir ». […] Ici intervient un lecteur positif — celui qui dit toujours : « Noir, c’est noir, et blanc, c’est blanc. » Il me met en demeure de m’expliquer enfin d’une façon tout à fait claire, et de proclamer si des livres qui dégagent une impression aussi complexe sont de bons ou de mauvais livres. […] Car enfin, je connais et vous connaissez une foule de gens instruits, cultivés, distingués, qui ne seront point scandalisés qu’on aime à la fois Racine et Shakespeare ; j’en connais même dont l’éclectisme est plus large et qui goûtent en même temps, par exemple, Scherer et l’une de ses bêtes noires, Baudelaire ou Théophile Gautier ; j’en connais encore qui ne s’étonneraient pas du tout, oh ! […] Un écrivain, quelque noblement ambitieux qu’il soit de la servir, ne sera jamais pour elle qu’un homme qui met du noir sur du blanc ; le théâtre, cherchât-il à moraliser, qu’un lieu de divertissement ; derrière les préceptes débités par ses personnages, fussent-ils notaires, elle reconnaîtra les auteurs ; et ces préceptes, quoique affirmés avec conviction, elle ne renoncera jamais au droit de les discuter. […] Ses mains faiblissent et il sent que bientôt il devra s’abandonner à une perte certaine ; mais il se cramponne toujours et voit que deux souris, l’une noire, l’autre blanche, faisant également le tour du buisson auquel il est suspendu, le rongent par dessous.

1033. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ces passions qui fermentaient dans ce peuple naturellement si ingénieux et si animé par son soleil, elles attendaient un homme qui dît, avec des paroles qu’on ne pût oublier, ce que tout le monde avait fait, souffert, senti, qui fût théologien et factieux ; car toutes du occupations du temps, c’étaient la théologie et la faction, les bulles et les guerres civiles, la guerres des Gibelins contre les Guelfes, la guerre des Blancs contre les Noirs, des Cerchi contre les Donati, de chaque ville contre chaque ville, et d’une moitié des citoyens contre l’autre. […] Ce cardinal avait alors cinquante ans ; il était petit de taille ; ses yeux brillaient, animés d’un feu ardent et sombre qui faisait trembler les pécheurs ; ses cheveux encore tout noirs donnaient aux traits de son visage, déjà vieilli, quelque chose de plus viril et de plus dur. […] Cependant un noir chaos, un affreux abîme s’étendait à l’infini, et plongeait dans les profondeurs infernales, d’où cette échelle immense surgissait. […] Après il lui chaussa des souliers d’étoffe noire, et lui dit : “Sire, sans faute, cela vous avertit, par cette chaussure noire, que vous ayez toujours en mémoire la mort et la terre où vous serez gisant, d’où vous venez et où vous irez.

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