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1064. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

L’auteur s’y montre sensible aux grandes beautés de ce noble génie, et on ne peut l’accuser de ne l’avoir pas goûté. […] Je ne voudrais pas le voir seulement comparé et balancé avec Bossuet ; je voudrais qu’on me le mît à part comme un homme de premier rang, qui est avant tout lui-même ; je voudrais que l’on me dît que, dans cette science noble et excellente qu’on appelle la politique, Montesquieu n’est pas seulement le premier dans son siècle, mais l’un des premiers dans tous les siècles, et qu’Aristote excepté, il n’a ni supérieur ni égal.

1065. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Lui, Vigny, qui a rejeté, avec le dédain du penseur et l’orgueil du contemplateur des civilisations impossibles, cette noble casaque du soldat portée longtemps dans sa jeunesse, a voulu montrer une bonne fois les sacrifices du métier de la guerre et de l’obéissance passive, pour consoler ceux qui en souffrent. […] A présent qu’on lit son journal, on se demande ce qu’a gagné à être du xixe  siècle ce noble esprit, qui, au Moyen Age, aurait été aussi heureux qu’il était sublime !

1066. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

C’est qu’il avait l’âme noble et naturellement haute. […] Elle n’est pas moins haute ni moins noble, pour avoir observé jusque dans la négation cette sérénité qui fait peut-être partie de la définition de l’art ; et pour être moins « sentimentale » elle n’en est pas cependant plus « impassible ». […] Elle fait ce qu’elle doit faire, étant donné son caractère, pour des raisons très pures et très nobles ; et, ces raisons étant très nobles et très pures, je ne crains qu’une chose, « au point de vue social », c’est que sa résolution ne trouve pas assez d’imitateurs. […] Renan fait honneur aux prophètes comme de leur plus pure, de leur plus haute et de leur plus noble inspiration, n’est-elle pas en un certain sens le bouddhisme lui-même et le bouddhisme tout entier ? […] Renan s’égaie aux dépens du « Dieu à qui on fait de la peine, qu’on afflige en l’offensant » ; mais en s’en égayant, n’oublie-t-il pas ce que cette conception de Dieu a produit de nobles pensées, de bonnes actions, de dévouements héroïques ?

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