Le livre de la nature est contradictoire, l’on y voit les emblèmes du bien et du mal presque en égale proportion ; et il en est ainsi pour que l’homme puisse exercer sa liberté entre des probabilités opposées, entre des craintes et des espérances à peu près de même force. […] Quand l’homme est dévoré, ou plutôt réduit en poussière par l’incrédulité, cet esprit merveilleux est le seul qui rende à l’âme une puissance d’admiration, sans laquelle on ne peut comprendre la nature. […] « La nature peut-elle être sentie par des hommes sans enthousiasme ? […] Cette fille unique de madame de Staël, douée par la nature d’une beauté pour ainsi immatérielle, du génie de l’âme, supérieur au génie de l’imagination, et d’une vertu mûre au printemps, que la religion devait accomplir et couronner par une mort jeune, aurait fait l’orgueil de toutes les mères. […] Le grand jour, sur la femme, est contre nature ; tout ce qui la dévoile la flétrit, la célébrité n’est pour elle qu’une illustre exposition.
Deux procédés principaux sont employés par la nature pour produire les opérations que nous appelons connaissances : l’un, qui consiste à créer en nous des illusions ; l’autre, qui consiste à les rectifier. […] Ce sont des simulacres, des fantômes, ou semblants2 de ces objets, des hallucinations le plus souvent vraies, et, par un artifice de la nature, arrangées de façon à correspondre aux objets, toutes plus ou moins avancées, retardées et altérées dans leur développement. […] Elle est le ressort moteur de tout le mécanisme, et elle l’est si bien que, pour renouveler et perpétuer nos connaissances, la nature lui a donné un substitut. IV Ce substitut est l’image ; à côté des sensations proprement dites, lesquelles, de leur nature, sont temporaires, attachées à l’ébranlement des nerfs, presque toujours incapables de renaître spontanément, et situées dans les centres sensitifs, il y a en nous une autre série d’événements absolument analogues, lesquels, de leur nature, sont durables, survivent à l’ébranlement du nerf, peuvent renaître spontanément et sont situés dans les hémisphères ou lobes cérébraux. […] Tous sont des fantômes d’objets extérieurs, des simulacres d’action, des semblants de sensation, reconnus à l’instant comme simples apparences, et, de plus, fugitifs, effacés, incomplets, mais, en somme, les mêmes en nature que le fantôme de maison ou de tête de mort engendré chez l’halluciné, que le semblant de piqûres cutanées ou de picotement nasal engendré chez l’hypnotisé et le somnambule.
La nature, en même temps, lui créa dans Raphaël d’Urbin un émule et un rival ; ils s’admirèrent l’un l’autre en sentiment et ne se confondirent que dans la double immortalité qu’ils répandaient sur leur pays. […] Il s’entourait, à Careggi, de la nature, de la solitude et de ses amis. […] Il subit son exil jusqu’à ce que le roi de l’Italie, unitaire contre la nature et l’histoire, transporte son trône ambulant de capitale en capitale pour trouver une bonne place sur la terre des Romains ; il y détrône un pontife désarmé, sans soldats et sans peuple, vainqueur par les armes françaises, d’une théocratie qui ne devait être remplacée que par la liberté de Dieu sur la terre. […] « Au reste, puisque ce que vous me demandez est d’une telle nature, qu’il est bien plus facile de la sentir en silence au fond de l’âme que de l’exprimer par des paroles, je vous obéis, à cette condition que je ne vous promets pas ce que je ne puis tenir, et que j’ai de bons motifs pour ne pas vous refuser. […] Julien, enfin, le dernier de tous, qui est encore un enfant, s’attache tous les cœurs de la cité par sa modestie, sa beauté, et par une nature merveilleuse et suave qui se décèle dans sa probité, son honnêteté et son esprit.