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1008. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Une lettre de février 93, écrite par elle de Leipsick à Bernardin de Saint-Pierre199, prouve seulement que de grandes douleurs personnelles, la mort d’un père, quelque secret déchirement d’une autre nature peut-être, le climat aussi de Livonie, avaient, durant les quatorze derniers mois, porté dans cette organisation nerveuse un ébranlement dont elle commençait enfin à revenir : « La fièvre qui brûlait mon sang, dit-elle, a disparu ; mon cerveau n’est plus affecté comme il l’était autrefois, et l’espérance et la nature descendent derechef sur mon âme soulevée par d’amers chagrins et de terribles orages. Oui, la nature m’offre encore ses douces et consolantes distractions ! […] Werther se tuerait quand même il n’aimerait pas Charlotte ; il se tuerait pour l’infini, pour l’absolu, pour la nature ; Gustave ne meurt en effet que d’aimer Valérie. […] » Lorsque Gustave s’en est allé seul avec sa blessure dans les montagnes, quand, durant les mois d’automne qui précèdent sa mort, il s’enivre éperdument de sa rêverie et des brises sauvages, quand il devient presque René, comme il s’en distingue aussitôt et reste lui-même encore, par cette image gracieuse de l’amandier auquel il se compare, de l’amandier exilé au milieu d’une nature trop forte, et qui pourtant a donné des fleurs que le vent disperse au précipice ! […] Elle avait vu l’empereur Alexandre en Suisse, peu avant les Cent-Jours, et avait trouvé en lui une nature toute disposée.

1009. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Il y a pour moi renaissance hors de la froidure, des brouillards, du ciel terne, de toute cette nature morte. […] Avec Maurice, je ne me serais pas ennuyée entre deux montagnes. » La nature immortelle prévaut encore un moment. […] J’ai vu peu de lieux aussi distingués, aussi remarquables de nature et d’art. […] Rousseau a des pages merveilleuses de description, d’érotisme et de contemplation de la nature dans ses Confessions ; mais ce sont des pages d’imagination échauffée, ce n’est pas un livre fait pour nourrir des âmes. […] C’est la nature elle-même !

1010. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il n’y a de durable que le vrai bien choisi, il n’y a d’éternel que la nature épurée par le goût. […] J’ai vu dans moins d’un demi-siècle vénérer Gesner comme le patriarche de la nature, et puis je l’ai vu railler comme l’écran de la niaiserie. […] Il n’y avait point d’art, non, c’était la nature faite art ; l’image et le son, cette musique de l’âme, y naissaient ensemble indivisibles comme la voix et la sensation. […] Bordez tapyz que nature appareille, Pour y pozer les trosnes du printemps. […] Rien ne prévaut contre la nature.

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