Voici l’empire du monde romain qui s’écroule, emparons-nous d’un des débris de cet empire, livré aux barbares, occupons sa capitale, abandonnée au flux et au reflux des nations sans maîtres, établissons-y un nouvel empire, dont un pauvre prêtre du Christ sera d’abord l’évêque, puis le patriarche, puis le consul, puis le souverain spirituel, puis le roi temporel, dès que l’héritage impérial sera tombé par déshérence du lieutenant de César au serviteur des serviteurs de Dieu. […] Plus heureux que Louis XVI, il trouva dans la nation qu’il voulait régénérer autant de raison que d’élan vers les améliorations philosophiques dont il était l’initiateur couronné. […] Pendant la servitude alternative de l’Italie aux Français et aux Allemands, les Vénitiens continuent à rester libres et à triompher tantôt de la France, tantôt de l’Allemagne, sans s’avilir jamais jusqu’à la neutralité, cet égoïsme honteux des nations inertes ; on les voit partout où il y a un équilibre à rétablir en Italie, de la tyrannie étrangère à combattre, de la gloire navale ou militaire à conquérir au nom de Venise ; leur trésor paye les Suisses, qui pèsent la justice des causes au poids de leur solde ; la victoire de Marignan laisse les Vénitiens inébranlables dans leur patriotisme italien. […] En vain le gouvernement de Venise lui envoya des satisfactions ; il feignit une colère bruyante et implacable, qui ne pouvait être apaisée que par l’effacement du nom de Venise de la liste des nations. […] Cette usurpation violente de la république de Gênes par la main de l’Europe au profit de la maison de Savoie, au moment où l’Europe en armes restituait tout au droit des trônes et des peuples, est un des actes les plus iniques commis en pleine paix pour exproprier une nation illustre et innocente de tout crime envers l’Europe.
I De toutes les nations qui ont cultivé les lettres avant ou après le christianisme, sans en excepter la Grèce et Rome, l’Italie moderne est certainement, selon nous, la nation qui a apporté le plus magnifique contingent de génie à la famille humaine. […] Cette nation venait de toute antiquité de Grèce ou d’Égypte. […] « On peut, selon nous, classer le poème du Dante, l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, parmi ces poésies locales, nationales, temporaires, qui émanent du génie du lieu, de la nation, de l’époque, et qui s’adressent aux croyances, aux passions de la multitude. […] Il y a dans ce culte une révélation de l’esprit de ce siècle ; c’est le symptôme d’une renaissance de la poésie grave et philosophique chez une nation qui a trop longtemps confondu la poésie et la futilité.
Son livre est plein de critique ; c’est un homme d’esprit sans parti pris, qui vous mène promener à travers le monde et qui vous dit : « Regardez et concluez. » Il a aussi beaucoup d’analogie avec Voltaire dans ses Mœurs des nations. […] « Dans la suite, Crésus porta la guerre chez les diverses nations qui habitent en deçà du fleuve Halys, et parvint à les subjuguer toutes, à l’exception des Ciliciens et des Lyciens. […] Il était Phrygien de nation, et de race royale. […] » À cette nouvelle question, les mages répondirent : « Ô roi, il est tout à fait dans notre intérêt que votre empire s’affermisse ; s’il tombe dans une nation étrangère en passant à cet enfant, Perse d’origine, nous, qui sommes Mèdes, descendus au rang de sujets, nous ne sommes plus rien en comparaison des Perses, nous devenons nous-mêmes étrangers. […] Mégabaze revient en Europe, attaque sur les bords de la mer Noire les Thraces, la nation, après les Indes, la plus nombreuse de l’Europe.