Les poëtes sont nés pour mourir à l’hôpital et les prosateurs dans quelque autre sinécure un peu moins mal rétribuée.
Samedi 5 janvier À regarder l’eau-forte d’un crépuscule (Sunset in Tipperary) de Seymour Haden, cette eau-forte, où existe peut-être le plus beau noir velouté, que depuis le commencement du monde, ait obtenu une pointe d’aquafortiste, à la regarder, dis-je, ce noir fait, au fond de moi, un bonheur intérieur, une petite ivresse, semblable à celle que ferait naître chez un mélomane, un morceau de piano d’un grand musicien, joué par le plus fort exécutant de la terre.
Il nous peignait aujourd’hui Fénéon, cet original né en Italie, et ayant l’aspect d’un Américain, un être intelligent, travaillant à se faire une tête, cherchant l’étonnement des gens par une parole axiomatique, une comédie de concentration intérieure, une série de petites actions et manifestations mystificatrices, — mais un homme de cœur, bon, sensible, appartenant tout entier aux excentriques, aux disgraciés, aux miséreux.