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482. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Le cœur de l’homme s’éveille à la musique et chante : « Heureux sont les rayons qui sont ceux de Phébus-Apollon, « Dorées les heures de joie qu’il apporte ! […] Pour eux, comme pour ces dernières, la statuaire polychrome, du chef-d’œuvre classique à la plus grossière caricature, demeure le seul art, la musique exceptée, ou plus encore le bruit. […] Et quoi de plus profondément émouvant que cette musique de Haendel ! […] Il y avait un chœur d’amateurs qui, à la grand-messe, se surpassaient, chantant des airs sacrés de Mozart, de Haydn et autres illustres maîtres, en exécutant en musique dépassant de beaucoup l’habituelle musique d’église. […] Un luxe de bon goût, plutôt emprunté à l’art religieux de Munich, de bonne musique, et des Pères, toute érudition, toute piété, toute tolérance aussi.

483. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

J’ai prouvé ce caractère littéraire de la musique dans mes Entretiens sur Mozart, et ce caractère littéraire de la peinture dans mes Entretiens sur Léopold Robert. […] C’est un jeu d’enfant ; et, si un philosophe recueilli a inventé l’écriture, si un oiseau inspiré a inventé la musique, si un opticien coloriste a inventé la peinture, nous pensons que la sculpture a été inventée par un enfant. […] Ce sont de ces révélations que le ciel ne donne pas deux fois à la terre : c’est comme le poème de Job ou le Cantique des Cantiques ; comme le poème d’Homère ou la musique de Mozart !

484. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Une académie avait été fondée à Bordeaux ; on ne s’y occupait que de musique et de littérature ; Montesquieu y était naturellement entré ; mais, quoiqu’il fût sensible à tous les agréments de l’esprit et des arts, et qu’il dût le prouver plus tard avec éclat par la publication des Lettres persanes, il ne jugea pas l’académie de Bordeaux assez sérieuse, et secondé par le duc de la Force, il la transforma peu à peu en une sorte d’académie des sciences. […] J’ai vu les opéras d’Angleterre et d’Italie : ce sont les mêmes pièces et les mêmes acteurs ; mais la même musique produit des effets si différents sur les deux nations, l’une est si calme et l’autre si transportée, que cela paraît inconcevable ; ce n’est pas la même musique.

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