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1154. (1888) Poètes et romanciers

Un instinct de distinction extrême le porte à négliger certains ressorts et moyens très nécessaires à l’effet théâtral et au jeu de la scène. […] Qu’y a-t-il de plus difficile que de nous émouvoir avec des moyens si simples, sans rien emprunter au monde de la réalité et de la passion ? […] Tout le reste n’est qu’un moyen de préparer majestueusement l’esprit à la grande surprise de la fin. […] Ce que nous appelons le mal en dehors de nous n’est qu’un moyen fatal, la condition d’un ordre qui nous dépasse infiniment. […] Pour atteindre le but, le moyen leur manque.

1155. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

3° Philosophe et penseur, se rattachant à quelques égards aux écoles du progrès et de l’avenir, à la religion de l’esprit, il repoussait, par une sorte de contradiction au moins apparente, les voies et moyens de ce progrès moderne et plusieurs des résultats ; il s’en prenait aux débats publics, aux discussions éclatantes, à ces chemins de fer qui créent ou qui centuplent les communications humaines et les échanges de la pensée, au développement accéléré et aux conquêtes de la démocratie. […] Étienne ; ce discours, le plus long qui se fût jusqu’alors produit dans une cérémonie de réception, il trouva moyen de l’allonger encore singulièrement par la lenteur et la solennité de son débit. […] Cependant il n’y eut pas moyen pour lui de se méprendre plus longtemps sur l’impression générale, lorsque des amis l’eurent éclairé de toutes parts, comme on avait éclairé autrefois M. de Noyon ; mais ici il n’y avait rien eu de prémédité, comme cela avait eu lieu pour M. de Noyon, raillé et joué par l’abbé de Caumartin75 : la seule opposition sérieuse et réelle avait été dans la contradiction nécessaire et, s’il faut le dire, l’incompatibilité d’un esprit fin, net, positif, pratique, tel que celui de M.  […] Le moyen de se distraire d’un démon qui se rappelle à vous par de tels souvenirs !

1156. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Mais, dans l’état actuel de la critique, et à moins de découverte de quelque manuscrit qui soit, par rapport à Théocrite, ce que le manuscrit découvert par Villoison a été pour Homère, il n’y a guère moyen de résoudre ces doutes inévitables. […] La première idylle, par exemple, est du ton plein et moyen de la poésie bucolique. […] C’est ainsi du moins que trouvait moyen de vivre le Cyclope notre compatriote, l’antique Polyphème, lorsqu’il était amoureux de Galatée, à l’âge où le premier duvet lui couvrait à peine la lèvre et les tempes. […] Ce n’est pas le moins du monde une courtisane, comme on l’a dit ; ce n’est pas non plus une princesse comme Médée ; la Simétha de Théocrite est une jeune fille de condition moyenne et honnête, qui s’est prise violemment d’amour, qui a fait les avances et qui se voit délaissée de son amant ; elle recourt aux enchantements pour le ramener ; elle y recourt cette fois et sans être pour cela une magicienne de profession.

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