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450. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

L’action de la Providence leur paraissait marquée dans tous les mouvements des empires, et surtout dans l’âme des héros. « Tout ce qui domine et excelle en quelque chose, disait un autre de leurs sages, est d’origine céleste. » « On accueillera donc avec un intérêt universel le jeune écrivain qui ose rétablir l’autorité des ancêtres et les traditions des âges. […] « Je ne puis, en commençant mon récit, me défendre d’un mouvement de honte. […] Elle était si belle, il y avait sur son visage quelque chose de si divin, qu’elle excita un mouvement de surprise et d’admiration. […] » « Ce mouvement, ce cri, ces larmes troublent la cérémonie : le prêtre s’interrompt, les religieuses ferment la grille, la foule s’agite et se presse vers l’autel ; on m’emporte sans connaissance. […] Je trouvai même une sorte de satisfaction inattendue dans la plénitude de mon chagrin, et je m’aperçus, avec un secret mouvement de joie, que la douleur n’est pas une affection qu’on épuise comme le plaisir.

451. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Et si ces interlocuteurs, comme cela arrivait quelquefois, avaient été des taquins eux-mêmes, de doubles malins, des gens d’esprit moqueurs, aimant avant tout le mouvement, la contradiction, lui, il ne s’en apercevait pas. […] Delécluze, son point lumineux et son petit foyer central dans le mouvement moderne, qu’il nous a rendu avec assez de vivacité dans ses Souvenirs. Il exagère beaucoup le Lycée et ce qui s’y fît, mais il n’exagère pas ce mouvement d’idées, ce courant, ce conflit brillant et tumultueux qui passa par son modeste salon de 1825 à 1830. […] Et en conséquence, il va nous le dessiner ainsi : « Faible de santé, lourd dans ses mouvements, ce pauvre homme avait la tête et particulièrement le visage concassés comme s’ils eussent reçu deux ou trois coups de pilon dans un mortier… Tout le temps qu’il ne donnait pas à l’étude, il le consacrait à Mme Récamier, qu’il aimait et a toujours vénérée comme une sainte.

452. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Necker, indécis sur bien des points, trop renfermé dans la préoccupation de sa dignité, et sans vigueur d’initiative, était un pilote bien insuffisant ; mais enfin il y était, on l’avait mis au gouvernail, et lorsqu’il se décida à donner le mouvement, à poser les bases d’une Constitution, à faire parler le roi en roi, mais en roi constitutionnel, il ne fallait pas le lâcher : c’est pourtant ce que fit la reine, cette fois regagnée et reprise par la coterie des princes. […] Le 14 Juillet et les journées qui suivirent brisèrent la résistance de la Cour ; mais ce ne fut pas encore du premier coup : les imprudences qui devaient amener le mouvement d’octobre se renouvelèrent ; l’illusion de la reine dura jusqu’à la dernière heure, et vers la fin de septembre 1789, comme un de ses fidèles et dévoués serviteurs, le comte de La Marck, fort lié avec Mirabeau, faisait dire par une voie confidentielle qu’on n’eût pas à se défier de cette liaison, et qu’il avait pour objet de modérer le plus possible le grand tribun et de le préparer à être utile au roi quand on jugerait le moment venu, la reine répondit, après quelque politesse pour M. de La Marck : « Nous ne serons jamais assez malheureux, je pense, pour en être réduits à la pénible extrémité de recourir à Mirabeau. » II. […] En oubliant où nous sommes et comment nous y sommes privés, nous devons être contents du mouvement du peuple, surtout ce matin. […] On n’allait pas sans doute à sa perte d’un train égal et continu : il y avait des instants de calme et de bonace, des temps de répit assez longs ; mais, à chaque crise, on restait à la merci du mouvement fatal.

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