Il faisait…, dans la pensée, « sentir un mouvement, un courant », un élan analogue à l’élan vital de l’« évolution créatrice », et, dans l’image, il montrait, non pas la cause, « mais au contraire l’arrêt et comme la congélation de ce courant, la forme spatiale qu’il prend en devenant pour la pratique et pour la vie sociale, une représentation »…. […] Je retiens seulement une indication très précieuse, et qui rejoint ce que j’ai essayé ailleurs d’expliquer sur le caractère profondément religieux du mouvement romantique. […] Il part donc d’un monde qui occupe expérimentalement un espace à 3 dimensions, d’où trois qualités de figures : les lignes, figures à 1 dimension : longueur, les surfaces, figures à 2 dimensions : longueur, largeur, les volumes, figures à 3 dimensions : longueur, largeur, hauteur (ou profondeur) ; d’où trois qualités de mouvements : les translations, (ou vibrations) mouvement, à 1 dimension, à caractère d’ impulsion, les rotations, (ou oscillations) mouvements à 2 dimensions, à caractère d’ induction, les déformations élastiques, (dilatations, pulsations radiales, flexions ou torsions) mouvements à 3 dimensions, à caractère d’ expansion, et conséquemment trois qualités dans toutes les catégories de phénomènes, ceux-ci devant être considérés, avec Descartes et Pascal, comme des combinaisons de figure et de mouvement. […] Alfred Lartigue passe scientifiquement des plus simples sensations aux abstractions les plus hautes, sans rompre le fil qui les relie à l’unité primaire du mouvement spatial. Son classement de nos forces psychiques en dynamismes particuliers communiant avec les diverses formes des mouvements physiques dans un élargissement continu, sans confusion ni amoindrissement de leur nature ou de leur pouvoir, satisfait à première vue autant l’intuition du sens commun qu’un intellectualisme rigoureux.
Ces peuples traduisaient leurs naïves émotions par des mouvements sonores, sans nul souci de reconnaître une valeur spéciale aux divers sons. […] Les mouvements étaient toujours peu variés, d’autant plus expressifs dans le petit nombre des émotions diverses. […] L’orchestre suit tous ses mouvements et les rythme avec une vivacité croissante. […] Si je ne savais combien d’activité est eu mouvement, je n’aurais pas eu le courage d’accepter de cette bonne ville de Bayreuth son magnifique terrain. […] Cette symphonie de Beethoven était un modèle d’art complet, mêlant, dans le dernier mouvement le texte de Schiller à la musique.
Le mouvement et le courant de son esprit empêchèrent l’ennui de germer dans les eaux vives de l’intelligence française. […] Sa cause ne fut point dans des hasards ; elle fut dans une pensée : cette pensée, rapide et universelle comme tous les mouvements intellectuels de ce pays où la main est si près de la tête, s’était développée d’abord dans sa littérature. […] La réforme protestante, selon nous, ne fut qu’un mouvement intestin du moyen âge contre lui-même, mouvement qui ne portait en soi qu’une révolte, mais point de lumière et peu de liberté. […] Aussi nous paraît-il tout à fait erroné de rechercher aujourd’hui les causes de cette révolution dans tel ou tel abus ou dans tel ou tel vice de constitution, d’administration, de répartition d’impôt, de luxe de cour, de mesquines jalousies entre un clergé, une noblesse, des parlements, une bourgeoisie, un peuple demandant à la monarchie quelques réformes administratives ou quelques satisfactions de vanités réciproques au moyen desquelles tout ce grand mouvement des esprits et des âmes se serait apaisé comme une mauvaise humeur d’enfant qui brise un de ses hochets pour qu’on lui en donne un autre !… Sans doute il fallait bien, pour coïntéresser le peuple et toutes les classes supérieures au peuple, à ce mouvement intestin, que le temps et les vices du gouvernement se prêtassent à ce besoin de réformes purement matérielles qui furent l’occasion et non la cause de la révolution ; les appétits matériels sont la solde des masses, qui servent les grandes pensées sans les comprendre, et qui, selon l’expression de Mirabeau, échangeraient leur liberté pour un morceau de pain.