Pitt, dit-il, fit au collége des vers latins sur la mort de George Ier. « Dans cette pièce, les Muses sont priées de venir pleurer sur l’urne de César ; car César, dit le poëte, aimait les Muses, César qui n’était pas capable de lire un vers de Pope, et qui n’aimait rien que le punch et les femmes grasses. » — Ailleurs, dans la biographie de miss Burney, il raconte comment la pauvre jeune fille, devenue célèbre par ses deux premiers romans, reçut en récompense, et par grande faveur, une place de femme de chambre chez la reine Charlotte ; comment, épuisée de veilles, malade, presque mourante, elle demanda en grâce la permission de s’en aller ; comment « la douce reine » s’indigna de cette impertinence, ne pouvant comprendre qu’on refusât de mourir à son service et pour son service, ou qu’une femme de lettres préférât la santé, la vie et la gloire, à l’honneur de plier les robes de Sa Majesté.
Toute l’essence de Tartuffe est dans ces vers, qui sont, à tout égard, dignes de Lucrèce : Il m’enseigne à n’avoir d’affection pour rien ; De tout attachement il détache mon âme, Et je verrais mourir mère, enfants, frère, femme, Que je m’en soucierais autant que de cela. […] Nous disons comme Bossuet, qui est conseiller d’État : « … la loi ne permettait pas aux hérétiques de s’assembler en public, et le clergé, qui veillait sur eux, les empêchait de le faire en particulier, de sorte que la plus grande partie se réunissait [à l’église orthodoxe] et que les opiniâtres mouraient sans laisser de postérité, parce qu’ils ne pouvaient ni communiquer entre eux ni enseigner librement leurs dogmes. » Nous disons comme Bossuet : « Nous avons vu… leurs faux pasteurs les abandonner sans même en attendre l’ordre et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse. » Nous disons comme Bossuet : « Quelque chose de plus violent se remue dans le fond des cœurs [des hérétiques], c’est un dégoût secret de tout ce qui a de l’autorité et une démangeaison d’innover sans fin, après qu’on en a vu le premier exemple. » Nous disons comme Bossuet : « Il ne faut pas s’étonner s’ils perdirent le respect de la majesté et des lois ni s’ils devinrent factieux, rebelles et opiniâtres… On ne laisse plus rien à ménager aux peuples quand on leur permet de se rendre maîtres de leur religion, et c’est de là que nous est né ce prétendu règne du Christ qui devait anéantir toute royauté et égaler tous les hommes. » Nous nous disons tout cela et qu’il n’y a donc aucune différence sensible entre un protestant et un factieux, entre un protestant et un républicain, entre un protestant et un anarchiste, et si l’on nous reproche de rejeter au-delà des frontières les maîtres d’anarchie, nous répondons que c’est précisément là ce que nous voulons. » Lorsque Louis XV, après Louis XIV, persécutait les jansénistes, si on lui avait dit que, tout compte fait, les jansénistes étaient ce qu’il y avait de plus pur, de plus élevé, de plus noble et de plus croyant dans la religion catholique et que le jansénisme, plus ou moins bien compris, était la façon de croire de la haute bourgeoisie française et du monde parlementaire, partie singulièrement recommandable de la nation, il aurait répondu, s’il avait pu prendre sur sa nonchalance de répondre : « C’est précisément pour cela que je réprime et combats les jansénistes et que je n’en veux plus. […] Elles ne meurent que de vieillesse, d’épuisement de leur principe vital.
Jusqu’à François Champollion, les documents égyptiens, écrits en hiéroglyphes, ont été, à proprement parler, lettre morte. […] Quand la langue était déjà morte pour l’auteur du document et qu’il l’a apprise dans des écrits, — ce qui est le cas des textes latins du bas moyen âge, — il faut prendre garde que les mots peuvent être pris dans un sens arbitraire et n’avoir été choisis que pour faire une élégance : par exemple consul (comte), capite census (censitaire), agellus (grand domaine). […] L’Essai sur les meurs est la première esquisse, et, à quelques égards, le chef-d’œuvre de l’histoire ainsi comprise.