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1294. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

L’invincible droiture qui était en lui, et qui l’avait empêché d’être gauchi par l’action funeste de son temps, le fit mourir chrétiennement, posant à un de ses amis nouvellement converti toutes les questions du catéchisme, écoutant les réponses, et, foudroyé d’évidence, ne faisant pas une objection.

1295. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Lundi 11 février Ces grandes affiches jaunes, à moitié pourries de Germinie Lacerteux, que mon œil rencontre encore dans les rues, c’est triste comme les choses qui vous parlent d’une morte. […] C’est l’Empereur en contact avec une famille de gens gras à lard, d’une famille Durham, et qui n’a jamais entendu parler de lui, et ne s’intéresse qu’au héros et à l’héroïne d’un roman de Mme Cottin, arrivé par hasard dans cette île perdue, et à propos duquel, jeunes et vieux assassinent de questions l’Empereur, qui exaspéré, à une question du gros oncle demandant ce qu’est devenue l’héroïne, lui jette durement : « Elle est morte !  […] Puis il m’introduit, au crépuscule, dans une chaumière, où au moment de prendre une pomme de terre dans un pot de fonte sur le feu, il est soudain arrêté par la vue d’une femme couchée à terre sur la figure, et les cheveux répandus ainsi qu’une queue de cheval dans une mare de sang, et comme il sort dans la cour, il se trouve en face d’un homme appuyé debout sur une herse, en train de mourir, avec un restant de vie dans les yeux, épouvantant. […] Avec Manet, dont les procédés sont empruntés à Goya, avec Manet et les peintres à sa suite, est morte la peinture à l’huile, c’est-à-dire la peinture à la jolie transparence ambrée et cristallisée, dont la femme au chapeau de paille de Rubens est le type. […] Elle ne répondait d’abord pas, mais enfin à la troisième, fondant en larmes, elle vous soupirait, dans un rire de folle : « Mais je ne vais pas, puisque je suis morte. » Alors, il était convenu qu’on lui disait : « Oui, oui, vous êtes bien morte… Mais les morts ressuscitent, n’est-ce pas ?

1296. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

La République des lettres, la revue de Mendès était morte du roman de Cladel, le Tombeau des lutteurs. […] Dans l’hallucination sa race meurt en elle et les présages sinistres se font. […] Un paysan meurt, on l’enterre, défilé des choses intimes, en version triste, à l’opposite d’Hermann et Dorothée ; puis la veuve s’en va dans la forêt, et un génie du gel et du givre, un roi Frimas (qui rappelle un peu le roi des Aulnes de Goethe), vient s’étendre sur elle et l’enliser de sa puissance ; elle meurt. […] Godelieve pleurera, Borluut mourra, un poète entendra leur élégie. […] Corbière venait de mourir à trente-six ans.

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