Sous tous ces noms, rois, empereurs, chefs, capitaines, princes, résumés dans ce mot, héros, ce groupe d’apocalypse resplendissait. […] Étalages de princes, de « monarques », et de capitaines ; du peuple, des lois, des mœurs, peu de chose ; des lettres, des arts, des sciences, de la philosophie, du mouvement de la pensée universelle, en un mot, de l’homme, rien. […] Toutes ces phrases, expression d’une idée unique, l’idée divine, écrivent lentement le mot Fraternité. […] L’idée du grain de poussière est dans le mot granit. […] Le mot Par ici n’a jamais humilié celui qui cherche sa route.
Enfin on peut s’étonner que, si Boileau préférait l’autre étymologie plus gracieuse du mot rapsode, il n’ait pas ailleurs emprunté de Pindare une allusion directe à cette coutume antique de chanter les vers d’Homère, un rameau de laurier à la main. […] Enfin, il oubliait que dans son siècle, même à l’époque du grand goût, Corneille, Bossuet, Pascal, et souvent même Boileau et la Bruyère, avaient à propos nommé les choses par leurs noms, et qu’ils avaient enchâssé les mots les plus simples dans des vers et des lignes énergiques ou sublimes. […] Va, maintenant, Écho, dans la noire demeure de Plu ton, porter au père une glorieuse nouvelle ; et voyant Cléodème, dis-lui son fils, et comment, aux vallons de la célèbre Pise, il a couronné sa jeune chevelure des ailes de la victoire athlétique. » Dans ce mot à mot qui ne déplaît pas, on aperçoit du moins quelque chose de l’original, son trait court et rapide, son mouvement facile et sa brièveté, sinon sa grâce. […] Il paraphrasait les idées, selon le juste reproche que lui fait l’abbé Massieu, qui se contente, lui, de paraphraser les mots. […] C’est de la contemplation d’une telle béatitude que Pindare dit encore ces mots si simples : « La félicité des justes n’est pas fugitive. » Ces idées sublimes, dont Platon a félicité le poëte thébain, étaient-elles une leçon recueillie dans ces mystères d’Éleusis désignés parfois comme le dépôt d’antiques et saintes vérités ?
Pour Du Bos, le dialogue sur l’Âme et la Danse est un des plus beaux : il transcrit en mots le spectacle de la danse. […] Le mot est plein, jaillissant. […] Dans ses Études, il a su transposer les différents arts en mots appropriés. […] De tels mots sillonnent la vie morale et y retentissent comme les noms de batailles sillonnent l’histoire. […] Les mots sortent boudeurs, ainsi qu’il advient chez ceux qui ont à la fois envie et pas envie de parler.