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603. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Chez cet écrivain, dans tous les détails de son œuvre, on surprend l’activité constante d’une puissance de sensibilité extrême, très peu variée mais sans cesse éveillée, de telle sorte qu’un minimum d’images et de pensées suffit à alimenter l’activité morale de ce romancier, et que tout le reste est fourni par ce que donne son émotion. […] D’instinct, l’artiste aperçoit qu’aucune de ses amplifications n’atteindra aux formidables chocs que causent les atteintes de la souffrance morale. […] S’il marque dans ses œuvres plus de sentimentalité et une sentimentalité plus morale que ce n’est le cas chez nos autres romanciers contemporains, cela n’a pourtant rien d’anormal ou d’essentiel. […] Ils ont frappé par le contraste qu’ils font avec les productions plus impassibles et cruelles des romanciers contemporains, par le souci extrême qu’ils ont des problèmes de la vie, de la morale, par la solution hâtive et passionnée qu’ils leur apportent. […] Elle parut se faire religieuse en ce que tantôt elle loua ce que la morale évangélique a de contraire à l’exacte raison, de follement miséricordieux, de cordial ; tantôt elle fit de Dieu un être vague, bienveillant, diffus dans les splendeurs de la nature, plus père que juge.

604. (1883) Le roman naturaliste

Il voudra bien toutefois réfléchir qu’il y a morale et morale. […] la morale de quelques-uns des romans de Thackeray lui-même, tels que l’Histoire de Pendennis ; morale insupportablement prédicante, morale étroite et, s’il en fut, morale prudhommesque. […] Mais ce n’est pas la morale de George Eliot. […] Il n’est pas de morale plus haute, que dis-je ? […] Je conseille l’étude approfondie du caractère de Tito Melema, — c’est le nom du personnage, — à ceux qui seraient tentés de confondre la morale utilitaire avec la morale de l’intérêt, ou avec la morale de l’égoïsme la morale de la solidarité.

605. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il repoussait les idées darwiniennes au nom de la morale immuable. […] Sa morale ne diffère pas beaucoup de celle des théologiens. […] Qui me dit que ce système, en désaccord avec notre morale, ne s’accordera pas un jour avec une morale supérieure ? […] Brunetière au nom de la morale. […] Rien ne semble plus immoral que la morale future.

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