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507. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Il révoque avec raison en doute, comme Platon, comme Aristote, comme Cicéron, comme Voltaire, ce dogme, démenti par tous les monuments de l’histoire, d’on ne sait quel progrès indéfini, progrès qui depuis des siècles n’ajoute ni un cheveu à l’homme physique, ni une vertu à l’homme moral. […] Je vous avoue même qu’en lisant le Banquet des sept Sages, dans les œuvres morales de Plutarque, je n’ai pu me défendre de soupçonner que les Égyptiens connaissaient la véritable forme des orbites planétaires. […] Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux ; lui qui est né pour aimer ; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même, qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer ; lui enfin à qui il a été déclaré qu’on redemandera jusqu’à la dernière goutte du sang qu’il aura versé injustement ? […] « Ce n’est point à la science qu’il appartient de conduire les hommes ; il appartient aux prélats, aux grands officiers de l’État, d’être les dépositaires et les gardiens des vérités, d’apprendre aux nations ce qui est bien et ce qui est mal, dans l’ordre moral et spirituel. […] Nul éloge moral ne peut lui convenir, car tous supposent des rapports avec les hommes, et il n’en a point.

508. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

L’espèce humaine doit être affligée de grandes maladies morales, quand elle ne se confie plus qu’aux remèdes de l’avenir. […] Les vérités morales sortent en foule de leurs narrations et de leurs tableaux. […] Le Grec ne porte qu’une idée politique et locale, où l’Hébreu attache un sentiment moral et universel. […] Et que d’idées morales les anciens savaient attacher à ces emblèmes poétiques ! […] Plutarque, Œuvres morales.

509. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Mais c’est à la condition qu’il se rencontre dans un homme à la ressemblance de Beyle, dépourvu de sens moral et qui analyse sans juger. […] Le mal du siècle, sous sa forme dernière, qui est le nihilisme moral, aura rencontré peu d’interprètes de cette âpreté d’accent. […] Il sait qu’un ébranlement intérieur et un petit frisson moral correspondent à chaque sensation du regard. […] Il en va ainsi de toutes nos facultés physiques et morales. […] L’orgueil et la curiosité, ces deux grands péchés intellectuels, les détournent de chercher la fin de leur tortures morales, et la sincérité de ces tortures n’est pourtant pas douteuse.

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