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1008. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Le bonheur politique, comme le bonheur domestique, n’est pas dans le bruit ; il est le fils de la paix, de la tranquillité, des mœurs, du respect pour les anciennes maximes du gouvernement, et de ces coutumes vénérables qui tournent les lois en habitudes et l’obéissance en instinct. » Et l’auteur montre que tel a été le caractère constant et le régime de la maison de Savoie, en qui il loue surtout le talent de gouverner sans jamais se brouiller avec l’opinion. […] A ces banales insultes l’auteur oppose le tableau de ce qu’était ce gouvernement modéré et paternel : il montre en Savoie le clergé et la noblesse ne formant pas de corps séparé dans l’État ; les libertés de l’Église gallicane observées par opposition à ce qui avait lieu en Piémont ; le haut clergé sans faste, exemplaire de mœurs ; le bas clergé (expression qui était inconnue) jouissant de toute considération, et la noblesse elle-même paraissant assez souvent dans cette classe des simples curés. […] Quand il se trouva à Paris un moment, en 1817, sa montre ne marquait plus du tout la même heure que la France : était-ce à l’horloge des Tuileries qu’était toute l’erreur ? […] Dans aucun de ses livres d’ailleurs, M. de Maistre ne se montre plus brillamment et plus profondément lui-même. […] En cela même nous croyons que M. de Maistre se montre infiniment trop sévère.

1009. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

La maison civile de Monsieur en comprend 420 et sa maison militaire 179 ; celle du comte d’Artois 237 et sa maison civile 456  Les trois quarts sont pour la montre ; avec leurs broderies et leurs galons, avec leur contenance dégagée et polie, leur air attentif et discret, leur belle façon de saluer, de marcher, de sourire, ils font bien, alignés dans une antichambre ou espacés par groupes dans une galerie ; j’aurais même voulu contempler les escouades des écuries et des cuisines ; ce sont les figurants qui remplissent le fond du tableau  Par cet éclat des astres secondaires, jugez de la splendeur du soleil royal. […] De la cour, la contagion avait passé dans la province et aux armées, où les gens en quelque place n’étaient comptés qu’à proportion de leur table et de leur magnificence. » Pendant l’année que le maréchal de Belle-Isle passa à Francfort pour l’élection de Charles VI, il dépensa 750 000 livres en voyages, transports, fêtes, dîners, construction d’une salle à manger et d’une cuisine, outre cela 150 000 livres en boîtes, montres et autres présents ; par l’ordre du cardinal Fleury, si économe, il avait 101 officiers dans ses cuisines200. […] Ceci, outre beaucoup d’autres indices, montre combien les chiffres officiels sont insuffisants.

1010. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

. — Un coup de sifflet à la Divinité partout où elle se montre ! […] « Tel je fus, disiez-vous ; cette humeur inquiète, Ce trouble dévorant au cœur de tout poète, Et dont souvent s’égare une jeunesse en feu, N’a de remède ici que le retour à Dieu : Seul il donne la paix, dès qu’on rentre en la voie ; Au mal inévitable il mêle un peu de joie, Nous montre en haut l’espoir de ce qu’on a rêvé, Et sinon le bonheur, le calme est retrouvé. » Et souvent depuis lors, en mon âme moins folle, J’ai mûrement pesé cette simple parole ; Je la porte avec moi, je la couve en mon sein, Pour en faire germer quelque pieux dessein. […] « “La brièveté expressive et un peu sèche du poète florentin, comparée à l’abondance élégante de Virgile, montre bien la différence du style de ces deux grands artistes peignant le même objet.

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