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2003. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Produits de l’expérience vulgaire, ils ont, avant tout, pour objet de mettre nos actions en harmonie avec le monde qui nous entoure ; ils sont formés par la pratique et pour elle. […] Et c’est parce que ce milieu imaginaire n’offre à l’esprit aucune résistance que celui-ci, ne se sentant contenu par rien, s’abandonne à des ambitions sans bornes et croit possible de construire ou, plutôt, de reconstruire le monde par ses seules forces et au gré de ses désirs. […] Nous nous passionnons, en effet, pour nos croyances politiques et religieuses, pour nos pratiques morales bien autrement que pour les choses du monde physique ; par suite, ce caractère passionnel se communique à la manière dont nous concevons et dont nous nous expliquons les premières. […] Il fut un temps où les sentiments relatifs aux choses du monde physique, ayant eux-mêmes un caractère religieux ou moral, s’opposaient avec non moins de force à l’établissement des sciences physiques. […] on s’efforcera de reconstituer les manières de vivre, les coutumes professionnelles usitées dans les différents mondes du crime, et on reconnaîtra autant de types criminologiques que cette organisation présente de formes différentes.

2004. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Ils en ont conservé un souvenir qui de l’intérieur du temple est passé dans le monde profane. […] Enfin ils ont prouvé, par l’inconséquence de leur conduite, en sacrifiant avec un dévouement empressé aux idées fausses d’une secte impie en littérature, en accueillant avec un enthousiasme féroce les monstruosités qui leur ont été offertes, en mêlant leur voix injurieuse aux détracteurs des immortels auteurs qui avaient fait de leur théâtre le premier de l’Europe, qu’ils voulaient renoncer à l’honneur d’être les dignes interprètes des hommes de génie qui font encore la gloire de la France et l’admiration du monde entier. […] Retiré d’un monde que je dois connaître, je ne vis plus que dans mes souvenirs ; et comme je n’ai dû mes instants de bonheur et de chagrins qu’aux péripéties de la scène française, il n’est pas étonnant que dans mon intérêt, qui est celui de tous les auteurs et des comédiens, je vous adresse paternellement de justes reproches. […] Après le choix du sujet, le premier but que se propose l’auteur est d’en tirer une conséquence morale ; le second d’intéresser au sort de tels ou tels héros, connus ou inconnus, vertueux ou coupables, par des qualités qui les élèvent au-dessus du vulgaire ; le troisième de les environner de figures secondaires propres à faire ressortir leur caractère ou à émouvoir leurs passions ; le quatrième de faire jouer tous ces personnages dans la chaîne d’une intrigue claire et pourtant variée ; le cinquième de les faire parler selon le temps, la circonstance, leur rang dans le monde, leur caractère bien exposé, dans un style simple, naturel, énergique et toujours élégant ; enfin, Monsieur, de les faire arriver à une catastrophe qui n’inspire pas une trop grande horreur, ou à un dénouement qui ne blesse ni la raison, ni la décence. […] Mais revenons, Monsieur, à cet avantage que vous avez eu de pouvoir réclamer votre pièce aux yeux du monde entier.

2005. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Paul Adam, jugèrent que le moment était venu de saisir le monde par la voix des quotidiens de la nouvelle bonne nouvelle littéraire. […] En 1886, et aux années suivantes, nous étions plus attentifs à notre développement littéraire qu’à la marche du monde. […] Le Monsieur n’aperçoit, lui, que le monde monotone, sans spectateur éternel. Que faire en ce monde sans allées réelles, sans imprévu que les frêles embûches de l’illusion ? […] Le monde est plein de contrées magnifiques que les existences réunies de mille hommes ne suffiraient pas à visiter.

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