J’ai une quinzaine de volumes rangés en ce moment sur ma table, et qui sont de la plume de ce paresseux qui vécut, il est vrai, quatre-vingt-huit ans. […] Elle fut fiancée au marquis de Lenoncourt, et Maucroix, au même moment où il étouffait secrètement sa douleur, était chargé par l’amant et fiancé, qu’éloignait un devoir militaire, de faire des vers élégiaques destinés à la jeune épouse. […] La date de la fleur de Maucroix, son beau moment parisien, est vers 1647 et un peu auparavant ; à ses débuts, il se rattachait à la littérature poétique de Godeau, de Maynard, surtout de Racan. […] Avec tout cela, j’ai de fort agréables moments ici.
Et, en effet, à ce grand moment de la Renaissance, lorsqu’au sortir de l’étude fervente des belles œuvres de l’Antiquité on s’était retrouvé en présence d’une poésie française naturelle, élégante, mais peu élevée, on avait eu conscience à cet égard de la pauvreté domestique ; on avait fait effort pour en triompher, et pour monter une lyre au ton des plus graves et des plus héroïques desseins. […] Mais dans ces considérations générales où l’on opère sur des siècles et des âges tout entiers, et où la critique parcourt à vol d’oiseau d’immenses espaces, on oublie trop un point essentiel, c’est que le poète vient à une heure précise et à un moment. […] Dès ce moment la réputation de Ronsard, aidée de ce concours des doctes et de quelques hautes protections en cour, triompha de toute résistance ; Mellin de Saint-Gelais avait rendu les armes, et dans les années suivantes Ronsard, goûté des princes et adopté de la jeunesse, n’eut plus qu’à développer et à varier les applications de son talent. […] Sauf de rares passages dans le ton de ce que je viens de citer, sauf de courts moments où le vieux coursier de guerre se redresse comme au son du clairon, il s’oublie, il se traîne ; il ne donne pas à sa propre manière son perfectionnement graduel, et, après une si fière et tumultueuse entrée, il a une fin lente, inégale et incertaine.
C’est qu’on est en train d’exagérer bien des choses en ce moment. […] Mais ce n’est pas le moment de traiter ces graves et délicates questions : heureusement· le duc de Rohan n’est pas à réhabiliter, il n’est qu’à étudier, et nous n’avons à nous occuper que de lui. […] En ce temps-là, on était apprenti aux divisions ; en celui-ci, tout le monde y est maître. » Et ce n’est point par intérêt personnel qu’il parle, dit-il, car « j’avais assez et trop de connaissance de la jalousie qu’il (Henri IV) portait à ceux de ma condition et religion, et connais bien que nous ne fûmes jamais plus considérables qu’à présent. » Mais cet intérêt qu’il a comme religionnaire et comme l’un des grands du royaume, il le met sous ses pieds un moment et le subordonne (ce qu’il ne fera pas toujours) à sa qualité de Français : Je regrette, s’écrie-t-il, en la perte de notre invincible roi, celle de la France. […] Les Montluc toutefois et les d’Aubigné ont, à tout moment, des rencontres ou des reflets d’imagination qui ne nuisent en rien à ce qu’ils veulent dire, et dont l’absence attriste un peu la diction chez Rohan.