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443. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

. —  Mœurs théâtrales et pittoresques de la cour. —  Le Berger inconsolable. […] Tantôt il détache un ridicule, une affectation, un genre de sottise, parmi les mœurs des élégants et des gens de cour ; c’est une manière de jurer, un style extravagant, l’habitude de gesticuler, ou toute autre bizarrerie contractée par vanité ou par mode. […] Parmi ces mœurs de conquérants et d’esclaves, la nature humaine s’est renversée, et la corruption comme la scélératesse y sont regardées comme des marques de perspicacité et d’énergie. […] Et voyez en un instant les habitudes de la prostituée derrière les mœurs de l’empoisonneuse ; Séjan sort, et sur-le-champ, en vraie courtisane, elle s’est tournée vers son médecin, lui disant : « Quel teint ai-je aujourd’hui ? […] C’est ainsi qu’il se délasse de la satire militante et meurtrière ; le divertissement est approprié aux mœurs du temps, excellent pour attirer des hommes qui regardent la pendaison comme une bonne plaisanterie et rient en voyant couper les oreilles des puritains.

444. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Elle n’exagère pas, non certes, lorsqu’elle se prend à demander, de loin en loin, l’épuration d’un genre plutôt pernicieux et des singulières mœurs littéraires qui s’y rattachent. […] Ponson du Terrail, qui eût été capable d’écrire avec goût des récits de peu d’étendue et d’y encadrer des études de mœurs et de caractères, avait été conduit par les circonstances et par l’amour du gain à dérouler d’interminables suites d’aventures héroïques ou criminelles. […] Ces mœurs littéraires ne sont-elles pas exquises ? […] Changement d’étiquette gouvernementale, mais non point changement de mœurs. […] Si vous voulez réformer les mœurs par d’éloquents discours et des déclarations vengeresses, vous tournez au prédicateur.

445. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Nous nous contentons de savoir, de ces choses-là, ce qu’en doivent savoir les honnêtes gens qui ne veulent pas rester étrangers à une science qui tient de si près à la poésie, à la littérature, à la critique, aux mœurs publiques et privées :                     Docentem Artes quas deceat quivis Eques atque senator… De ces choses-là, c’est un danger d’en trop savoir ; pour peu qu’on ensache causer avec ceux qui en jasent, à la bonne heure ! […] Ils ont dit mille choses inutiles : ils ont dit comment se battaient les hommes d’autrefois, et non pas comment ils vivaient ; ils se sont préoccupés des violences de l’espèce humaine, ils ont négligé d’en raconter les mœurs, les grâces, les élégances, les ridicules, si bien que c’est en pure perle, ou peu s’en faut, que ces misérables sept mille années que nous comptons depuis qu’il y a des hommes en société, ont été dépensées pour l’histoire des usages et des mœurs de la société civile. […] Dans cette étude des mœurs d’un grand peuple, l’antiquité n’est guère représentée que par Homère et Théophraste, Aristophane, Plaute et Térence, et chez nous Molière et La Bruyère, et puis rien, sinon — tout en bas — des barbouilleurs : Rétif de La Bretonne et Mercier du Tableau de Paris ! […] comparez ce chapitre tout nouveau du mérite personnel, avec le même chapitre des mœurs et des caractères de ce siècle ! […] C’en est fait, pour longtemps du moins, de la gloire des chefs-d’œuvre de ce beau siècle dont mademoiselle Mars était l’interprète ; c’en est fait de cette représentation fidèle des mœurs, des passions et des élégances d’autrefois ; nous retombons, en plein vaudeville, de toutes les hauteurs de la comédie ; de l’Œil-de-Bœuf nous revenons à la Chaussée-d’Antin ; du Versailles de Louis XV nous redescendons dans le faubourg Saint-Honoré ; trop heureux si nous ne sommes pas obligés de rétrograder jusqu’aux duchesses fraîchement peintes de la rue Notre-Dame-de-Lorette, jusqu’aux marquises de la rue du Helder !

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