On songe aussi à l’éperdu et farouche amant de la nature et de la femme, au désespéré confesseur de soi-même que fut Jean-Jacques Rousseau, et à des livres écrits par des femmes aimantes et aimables, et à l’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, dont le changement des mœurs a fait un chef-d’œuvre que son auteur, certes, n’avait pas prévu ; car Des Grieux nous trouble par une pénible anormalité de situation qui, de son temps, n’avait rien que de coutumier et d’admis. […] Temps de fantaisie exaspérée, mais aussi d’admirable enthousiasme, contempteur fantasque à la fois et fanatique du vieux, du laid, du vulgaire, de l’étroit, de tout ce qui, dans les mœurs et dans l’art, était classique et convenu ; temps extraordinaire en effet qui ressemblait à un mardi-gras et à une croisade ! […] très bien », et, imitant ce qu’il approuvait, il aurait écrit des livrets d’opéras bouffes, des romans-feuilletons, se serait haussé, les jours de remords, jusqu’à quelque comédie de mœurs. […] Alors régnaient, dans le triomphe de l’aventure impériale, les opérettes, les vaudevilles, la comédie de mœurs, à qui l’on doit, sans doute, quelques œuvres considérables, mais où la poésie n’avait que voir, ni que faire.
Il est fondé sur une préoccupation constante de la destinée de l’homme et des conditions d’existence que lui font ses passions, ses préjugés, ses mœurs, ses rapports avec ses semblables, l’action et la réaction de l’individu sur la société et de la société sur l’individu, et des individus les uns sur les autres. […] C’était très probablement l’esprit du temps qui en souffrait quelquefois, et, de fait, pour avoir pris la haute littérature du xviie siècle comme expression de l’état des mœurs françaises au xviie siècle, il s’est fait de l’état social au xviie siècle une idée assez étrange. […] Et quelle connaissance sûre, et à tout moment agréablement instructive, du vieux Paris d’il y a cent cinquante ans, de ses rues, de ses places, des moindres accidents de son sol, et de ses bons et de ses mauvais endroits, et de ses physionomies et de son langage et ses mœurs !
Introduction Parmi les traits les plus saillants de nos mœurs, il en est un qui ne peut, ce semble, échapper à personne : je veux dire un penchant très prononcé pour les jouissances ; et j’ajoute, surtout pour celles de l’ordre matériel. […] Cependant, si l’on n’avait tant abusé de cette expression, je dirais qu’il eut, à son insu, des frères obscurs qui, loin de lui et par une sorte d’inconsciente sympathie, rappelaient ses mœurs et ses sentiments. […] Cet acte de désespoir n’était guère dans les mœurs d’une nation légère et amoureuse de la vie. Gœthe, qui la visitait, en 1786, remarquait « qu’on y entendait presque tous les jours parler de meurtres ; mais qu’on faisait trop de cas de sa propre vie dans ce pays pour s’en délivrer comme d’un fardeau ; et rien même n’autorisait à penser que l’on y crût à la possibilité d’un acte semblable. » En tout cas, on doit croire qu’à raison de ce trait des mœurs nationales, l’exemple de mort volontaire proposé par Foscolo ne rencontra guère d’imitateurs chez ses compatriotes, et l’on pourrait voir un indice du peu de popularité de son ouvrage en Italie, dans un fait tiré de l’Épisode de Graziella, qui paraît pris dans la réalité. […] » On y remarque un tableau curieux des mœurs de la jeunesse du temps.