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687. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Philiberte « Lorsque Cendrillon avait fait son ouvrage, elle s’allait mettre au coin de la cheminée et s’asseoir dans les cendres. […] Mettez des violettes dans un vase de porcelaine de vieux Sèvres, et vous me direz bientôt des nouvelles de leur modestie. […] Augier a placé sa comédie au dix-huitièmesiècle, sous Louis XVI, à cette époque de politesse raffinée et de mœurs exquises, ou la galanterie française mettait l’encens en bonbonnière et l’offrait aux dames, avec des grâces infinies. […] Jamais Scapin ne bafoua Géronte mis en sac avec l’effronterie de ce neveu turlupinant son oncle, son seigneur, le maître et le chef de sa maison. […] Au premier acte, nous sommes dans l’atelier du peintre Spiegel et du musicien Frantz Wagner, deux amis qui ont mis leur vie et leur avenir en commun.

688. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il quitta à temps cette éducation domestique où il était à la gêne, et fut mis au collège des Jésuites de Caen ; il y trouva des maîtres et des guides supérieurs qui surent distinguer aussitôt l’enfant précieux qui leur venait, et l’entourer de soins particuliers et de toute sorte de culture. […] Il en exceptait les détails de l’histoire, c’est une matière sans bornes ; mais, à cela près, il y mettait absolument toutes les sciences, tous les beaux-arts. […] L’âge acheva de mettre le sceau à cette manière honorable de vivre et de sentir. […] Il faudrait, pour donner idée de ces gaietés de Huet, citer plus de latin que je n’en puis mettre ici, car Huet achève souvent en latin une phrase commencée en français14, et il assaisonne le tout de mots grecs. […] Chaque génération de jeunesse tient à y mettre du sien et à faire acte de présence à son tour.

689. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Lui-même ou les personnages qu’il met en scène parlent volontiers de nature ; ils ont volontiers les yeux humides (« moi qui pleure facilement », dit-il), ils se jettent avec effusion dans les bras les uns des autres, ils arrosent leurs embrassements de larmes. […] En allant si souvent sur les brisées du maréchal, Marmontel finit pourtant par le mettre en colère : « Ce petit insolent de poète me prend toutes mes maîtresses », disait en grondant l’illustre guerrier. […] Enfin, ce qui mit le comble à sa réputation, ce fut Bélisaire (1767), et ce xve  chapitre sur la tolérance, où la faculté de théologie signala toutes sortes de propositions condamnables. […] Eux seuls peuvent sentir que dans les hommes de génie tout est précieux, jusqu’aux défauts, et que c’est une sottise que de vouloir les corriger. » Quand Marmontel retoucha Quinault (ce qui était moins grave), on lui reprocha d’avoir mis Quinault en vers de Chapelain. […] Mais, là, sa modération lui manqua subitement ; il se mit en avant tout entier, il brisa des lances envers et contre tous pour Piccinni, pour la musique italienne, avec une ardeur démesurée et avec une passion où l’amour de la mélodie se sent moins encore que le besoin de dépenser un reste de jeunesse.

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