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1251. (1914) Une année de critique

Il avait subi des influences, et c’est à de mauvaises influences qu’il dut d’adopter trop souvent un vers dérimé. […] Pardonnons-lui ce travers innocent, et gardons-nous de ressembler à ces mauvais écoliers qui raillent la manie de leur maître. […] J’ai vite quitté ces mauvaises dispositions et reconnu combien M.  […] Le personnage « mauvaise tête et bon cœur » ne me plaît guère, hors des romans de Mme de Ségur. […] Il est sérieux comme un prêtre, et même comme un mauvais prêtre, un mauvais prêtre n’ayant guère l’aimable humeur des bons.

1252. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Directeur de l’Instruction publique, il ne trouvait pas mauvais qu’un de ses discours pour une distribution de prix fût critiqué par un professeur de rhétorique de l’établissement où il l’avait prononcé. […] I, p. 312, 391-396) : il finit pourtant par reconnaître qu’à un certain moment « le mauvais coucheur » se montra « très radouci et presque bonhomme » ; et pendant huit jours que Roederer passa chez lui à Düsseldorf en 1811, ils apprirent réciproquement à se mieux connaître.

1253. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Elle fait effet, elle règne à la manière des puissants du siècle, et même plus qu’eux : Ils n’agissent que sur les esprits, et j’ai le cœur et les sens de plus dans mon domaine… Suis-je une dupe, dites-le-moi, de jouir à la manière des héros et des ministres, d’avoir sans peine ce qui leur coûte des années de travail, ce qui leur fait passer tant de mauvaises nuits dans la crainte d’en être privés ? […] Je laisse perdre le temps, et ensuite je veux tout forcer : voilà la clef de ma conduite… Mon amour-propre est extrême ; mais dans les petits objets, dans la société, il n’est que sur la défensive, il ne demande qu’à n’être pas blessé, sans désir d’être flatté ; dans les grands, il ne me porterait qu’à la gloire la plus éclatante ; mais le dégoût suivrait de près, et le mépris de mon siècle ne me permettrait pas de mettre longtemps du prix à son approbation… Mon amour-propre s’irrite quelquefois dans le tourbillon du monde : il se tait dans la solitude… Je n’aime point à me montrer à mes amis sous un côté défavorable ; je souffre de les voir malheureux de mon malheur, et je suis convaincu que les sentiments diminuent par la perte des avantages… Il faut donc cacher ses plaies, dissimuler les grandes impuissances de la vie : la pauvreté, les infirmités, les malheurs, les mauvais succès… Il ne faut confier que les malheurs éclatants, qui flattent l’amour-propre de ceux qui les partagent et s’y associent.

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