Le théologien ou le poète les avait désignés, et le statuaire n’avait garde d’y manquer. […] Il ne leur a manqué que de nous dire plus souvent où l’on voyait ce dieu ou cette déesse dont ils caressaient l’original vivant ; mais les peuples qui lisaient leurs poésies, ne l’ignoraient pas. […] Les peintres ne manquent pas ces grossières analogies ; mais s’ils en connaissaient distinctement la raison, bientôt ils iraient plus loin.
En effet, s’ils trouvaient aujourd’hui dans un livre, sans nom d’auteur, que les lettres ne guérissent de rien, qu’elles ne nous apprennent point à vivre, mais à disputer ; que la raison est un mauvais présent fait à l’homme ; que depuis que les savants ont paru, on ne voit plus de gens de bien ; ils ne manqueraient pas d’attribuer cette satire de l’esprit et des talents à quelque déclamateur moderne, ami des paradoxes et des sophismes ; l’antiquité, diront-ils, était trop sage pour penser de la sorte, et encore moins pour l’écrire. […] Il est vrai que dans ce triste et effrayant tableau, où l’on tracerait avec les couleurs de l’éloquence les malheurs essuyés par les gens de lettres, il faudrait bien se garder, pour ne pas manquer son but, d’y opposer les marques d’honneur, de considération et d’estime que les talents ont reçus tant de fois. […] Peut-être oserai-je l’entretenir dans un autre moment de la suite de cette conversation ; aujourd’hui je craindrais trop de le fatiguer en le justifiant, même contre des imputations graves et peu respectueuses ; la manière la plus criante de lui manquer de respect est de l’ennuyer et c’est pour cela que je finis.
Les coloristes doux, les talents fins, les hommes de pastels et de nuances, trouvent leur compte à ces dégradations d’une splendeur qui vient de disparaître dans la magnificence de son centre, à ces demi-teintes qu’elle a laissées et qui ne manquent ni d’éclat, ni de profondeur, ni surtout de mélancolie. […] C’est que la grandeur ne vient ni des facultés, ni de leur emploi, ni de leur réussite, mais d’une imposante manière d’être, soit dans la vertu, soit dans le talent, soit même dans le vice ; et Mazarin manqua toujours de ce naturel et mystérieux ascendant. […] L’espèce de chronique qu’Amédée Renée nous entrouvre ne manque donc ni de vif, ni de risqué, ni même de scandaleux ; mais l’historien se possède si parfaitement qu’il est impossible d’indiquer avec plus de sûreté et moins d’insistance à la fois les vices de cette société, dont la corruption très réelle et très foncée ne nous frappe plus parce que le vermillon effronté de la Régence et du règne de Louis XV l’a décolorée par le contraste.