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462. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

L’orage grondant vient battre les murs de la sainte maison dans laquelle il prolongeait sa vie de prière, et parfois de rêverie. […] Bref, cette séparation consommée, Jocelyn, qui a passé deux ans de convalescence morale et d’épreuve dans une maison de retraite ecclésiastique, reçoit la cure de Valneige, petit village situé tout au haut des Alpes ; et c’est de là que (vers 98) il écrit à sa sœur, revenue avec sa mère de l’exil, les détails que tout le monde a lus, de son pauvre presbytère, de ses laborieuses journées, de ses nuits troublées encore.  […] La mère de Jocelyn, affaiblie par la fatigue et la souffrance, a désiré revoir le village natal, dans lequel sa maison ancienne ne lui appartient plus ; elle a désiré y embrasser un moment, encore une fois, son fils, qui abandonne pour quelque temps Valneige. […] La mère de Jocelyn veut parcourir une dernière fois la maison natale dans l’absence du nouveau possesseur. […] Si vous avez perdu une mère, si, nourri aux affections de famille, vous avez éprouvé quelqu’une de ces grandes et saintes douleurs qui devraient rendre bon pour toute la vie, lisez, relisez, pour retrouver vos émotions les meilleures, la visite à la maison natale, l’évanouissement de la mère de Jocelyn, la rentrée folâtre des enfants du nouveau possesseur, courant de haie en haie, tandis qu’elle, on l’emporte par l’autre porte sans connaissance ; et, après cette mort, les larmes du fils pieux, sa foi soulageante, ses retours vers les jours passés de tendres leçons et d’enfance heureuse,  Quand le bord de sa robe était mon horizon !

463. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

je vous le promets, dit-elle en souriant ; soyez donc sage. » Et Ghérard le lui jura, en baisant sa main qu’il pressa sur son cœur. » Durant les deux derniers mois de sa vie, Farcy avait loué une petite maison dans le charmant vallon d’Aulnay, près de Fontenay-aux-Roses où l’appelaient ses occupations. […] Il courut au bureau du Globe, et de là à la maison de santé de M.  […] Littré, son ami, qui combattait au même rang et aux pieds duquel il tomba, le fit transporter à la distance de quelques pas, dans la maison du marchand de vin, et le hasard lui amena précisément M.  […] En rentrant dans sa maison, il se sent plus à l’aise, il sent plus vivement par le contraste ; il chérit son étroit horizon où il est à l’abri de ce qui le gêne, où son esprit n’est pas vaguement égaré par une trop vaste perspective. […] Lui qui, lorsque j’étais dans l’île Procida,  Sur le bord de la mer un matin m’aborda, Me parla de Paris, de nos amis de France, De Rome qu’il quittait, puis de quelque souffrance… Et s’asseyant au seuil d’une blanche maison, Lut dans André Chénier : Ô Sminthée Apollon !

464. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

La maison, pleine d’ouvriers qui riaient, chantaient, cognaient, était chauffée avec des copeaux allumés, et éclairée par des bouts de chandelles ; elle ressemblait à un ermitage illuminé la nuit par des pèlerins dans les bois. […] Il y a deux actes que la postérité ne pardonnera jamais à l’ambition de la maison d’Orléans : le vote de mort contre Louis XVI en 1793, et l’accouchement public de la duchesse de Berri, à Blaye, en 1831. […] Il ne lui restait, et encore grevée de dettes, que la maison de l’hospice de Marie-Thérèse, dans la rue d’Enfer, fondée par lui à l’aide des bienfaits de madame la duchesse d’Angoulême et des souscriptions de quelques royalistes. […] Avec madame Récamier, il n’y eut autour de lui, dans sa maison solitaire, que quelques amis de la dernière heure qui jouissaient de leur fidélité à la mort. […] Nul ne s’aviserait d’apprendre la philosophie historique à ses enfants, d’après la généalogie de la maison de David sur une montagne de l’Idumée.

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