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390. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

…” (Il se savait le maître chez son grand-père.) […] Le malheureux avait une belle main, selon l’expression du maître d’écriture qu’on lui avait donné à sa sortie du collège. […] Son maître a faim, a soif ; il n’a quelquefois ni pain ni eau à lui offrir ; il ne sait pas même le garantir contre le vent qui souffle à travers sa porte et sa fenêtre, comme Tulou dans sa flûte, mais moins agréablement. » « Suivent les réprimandes du maître au serviteur : « — Moi-même ? […] Quant à la comédie, Molière, que je veux suivre, est un maître désespérant ; il faut des jours sur des jours pour arriver à quelque chose de bien en ce genre, et c’est toujours le temps qui me manque. […] En 1789, le jour où Mirabeau l’introduisit par sa phrase fameuse à M. de Brézé : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes », la révolution est faite ; Mirabeau se déshonore et se dépopularise en essayant de la diriger en sens inverse.

391. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

On a vu le despotisme, non seulement arrêter la pensée sur les lèvres, mais l’empêcher de naître ; on l’a vu se rendre maître des âmes : il n’y a pas d’exemple qu’il se soit rendu maître de l’argent. […] Sera-ce l’enfant ou le maître ? […] Si c’est le maître et que l’enfant n’en convienne pas, il faudra donc qu’il cède ; mais voilà quelque chose de bien pis que l’obéissance. […] Ils la trouvent dans un coin du pays d’Utopie, faite comme tout exprès au gré de l’élève et du maître. […] Ce qu’ils imitent du maître, c’est sa prétention à sentir plus vivement que les autres hommes.

392. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Platon raconte que les statues de Dédale gesticulaient dans les ténèbres, étaient volontaires, et résistaient à leur maître, et qu’il fallait les attacher pour qu’elles ne s’en allassent pas. […] Tu rends la honte visible par l’horreur, tu forces l’ignominie à détourner la tête en se reconnaissant dans l’ordure, tu montres qu’accepter un homme pour maître, c’est manger le fumier, tu fais frémir les lâches de la suite du prince en mettant dans ton estomac ce qu’ils mettent dans leur âme, tu prêches la délivrance par le vomissement, sois vénéré ! […] Ézéchiel voit l’homme quadruple : homme, bœuf, lion et aigle ; c’est-à-dire, maître de la pensée, maître du champ, maître du désert, maître de l’air. […] Caligula, l’homme qui a eu peur ; l’esclave devenu maître, tremblant sous Tibère, terrible après Tibère, vomissant son épouvante d’hier en atrocité. […] Mangez donc, maîtres, et buvez, et finissez.

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